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OI Pomodoro Nord demande une modification du Plan Stratégique National

15/03/2022 - François-Xavier Branthôme - Read in English

Dans une lettre adressée aux responsables politiques en charge des dossiers agricoles, le président de l’OI Pomodoro Nord Rabboni évoque une filière lourdement pénalisée et plaide pour une modification du Plan Stratégique National avant son approbation finale.

Le président de l’OI Pomodoro Nord Italie, Tiberio Rabboni, a envoyé, au nom des partenaires agricoles et industriels, une lettre au ministre de l'agriculture, Stefano Patuanelli, aux conseillers régionaux pour l'agriculture des régions du nord de l'Italie et au Présidents nationaux des organisations professionnelles agricoles et industrielles, afin de souligner l'impact extrêmement négatif du Plan Stratégique National (PSN) sur les producteurs de tomates et sur l'ensemble de la chaîne de production et de solliciter des modifications limitées et raisonnables, susceptibles d’en atténuer les dommages.

"L’accumulation, sur les producteurs historiques de tomates - écrit Rabboni - des conséquences de la soi-disant convergence interne, de la suppression du paiement vert et de l'impossibilité d'accéder aux paiements prévus pour les membres de l'Eco-schèmes, à qui 25% des ressources de paiement à la superficie sont réservés, entrainera, sur une période allant de 2022 à 2026, une réduction de plus de 60 % des aides du premier pilier de la PAC pour ceux qui ont fabriqué et continuent de fabriquer des tomates ».

Il s’agit, selon Rabboni, d’une diminution des ressources qui ne pourra absolument pas être récupérée sur le marché puisque les prochaines années continueront d'être marquées « par la hausse des prix de l'énergie et des moyens techniques et par de graves tensions internationales ». Le président de l’OI Pomodoro Nord évoque « une perte sèche de revenus qui affaiblira la capacité concurrentielle de la filière sur les marchés internationaux et la rentabilité agricole, alors qu’elles ont besoin d’être renforcées, dans un contexte où la prime couplée à l'hectare pour la tomate reste fixée aux montants précédents, inférieurs à ceux accordés à leurs producteurs par certains pays européens concurrents, notamment l'Espagne, le Portugal, la Grèce et la France ».

« Je vous demande donc - conclut le président de l'Organisation Interprofessionnelle - une réflexion sur la situation et une initiative pour atténuer l'impact du PSN sur une filière qui affiche un chiffre d'affaires de plus de 3,5 milliards d'Euros, dont 58% sur les marchés internationaux, et qui fait de l'Italie le premier producteur européen, le deuxième au monde et le premier en termes de valeur des exportations. Le PSN sera approuvé d'ici juin prochain. Il reste donc des opportunités de calendrier et de procédure pour apporter des changements sans dénaturer le cadre stratégique du Plan. Il peut notamment s’agir d’adapter l’échelonnement des paiements couplés et de modifier un ou plusieurs éco régimes pour permettre l’adhésion des producteurs de tomates ou en ajouter un spécifique pour les situations assimilables à la tomate ».

Tomato World 2022, PAC 2023-2027 : la filière italienne « déçue »
L'édition 2022 de Tomato World (la conférence organisée par l'OI Pomodoro da Industria Italie du Nord les 17-18 février derniers, à Plaisance, en Italie) a été l’occasion pour la filière italienne d’exprimer sa déception face au Plan Stratégique National (PSN) présenté à Bruxelles fin 2021 et actuellement en cours d'évaluation, et de commenter « un avenir sans grandes opportunités ».

Le PSN, déclinaison italienne de la nouvelle PAC qui entrera en vigueur à partir de 2023, inquiète les producteurs de tomates d’industrie confrontés aux conséquences de la convergence interne – le mécanisme de rééquilibrage des paiements « à l’hectare » du premier pilier de la PAC. « D'après ce que nous avons lu et compris des PSN transmis fin 2021 - a déclaré Tiberio Rabboni, les éléments que nous avons fournis n'ont été que partiellement compris. Le prix couplé est resté le même, par rapport à la programmation précédente. Nous nous attendions à le voir se rapprocher de celui des concurrents français et espagnols avec qui nous sommes en compétition sur le marché ».

Une simulation présentée par Luigi Sidoli, directeur de l'Op Ainpo, a montré qu'à partir de 2023 les producteurs de tomates d’industrie verront leur accès aux fonds de la PAC considérablement réduit. Par ailleurs, Luigi Polizzi, directeur général des politiques internationales et européennes du Mipaaf, a précisé que les montants allaient fortement diminuer.

« Jusqu'en 2022 - a expliqué Sidoli, le paiement de base et le paiement vert mobilisaient environ 3,2 milliards d'Euros par an (85% du premier pilier, ndlr). En 2023, la base sera réduite à 1,6 milliard d'Euros par an environ, dans lesquels est comprise la contribution du Fonds National des Risques de Catastrophe. Du fait de la convergence interne, une exploitation qui perçoit aujourd'hui 750 Euros par hectare recevra 271 Euros par hectare en 2026 ». La simulation de l’Ainpo, sans prétention scientifique, a montré que pour les 71 000 hectares de tomates d’industrie cultivés en Italie (chiffre 2021), le montant passerait de 55 millions d’Euros à 19 millions d'Euros en 2026, à l'issue de la programmation de la nouvelle PAC.

Luigi Polizzi a expliqué que les choix du Plan stratégique national ne sont pas encore définitifs et que Bruxelles pourrait demander des aménagements. « La réforme est complexe et […] il faut prendre en compte que le contexte a évolué, et que nous avons changé de perspective. Le producteur doit se soumettre à des contraintes pour obtenir des paiements. C'est une politique agricole mais aussi environnementale ».
Le mécanisme de convergence interne, auquel l'Italie est obligée de s'adapter, amènera, en fin de programmation, une nette diminution des montants versés, dans un système qui profitera plus « aux petits agriculteurs et avec des terres dans des zones plus défavorisées ». « La redistribution et la convergence reposent sur le principe d'équité entre producteurs », a clairement affirmé Polizzi.

Une option pour voir les paiements PAC augmenter est de se connecter à l'un des éco schèmes, toujours partie intégrante du premier pilier, mais en dehors du paiement de base. Cependant, telles qu'ils sont formulés aujourd'hui, ils semblent fermés aux producteurs de tomates d’industrie et, selon Polizzi, « il serait difficile d'introduire un nouveau schéma ».

Sources: OI Pomodoro Nord Italia, agronotizie.imagelinenetwork.com

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