…mais la dynamique de fond reste solide
A l’image du repli qui a concerné l’an dernier les activités extérieures de certains pays transformateurs européens (voir les articles connexes ci-dessous), la performance de 2021 ne figurera pas parmi les meilleures années de la filière espagnole.
Pénalisées par une baisse notable des quantités traitées durant la campagne 2020 (2,65 millions mT, soit 17% de moins qu’en 2019 et 15% de moins que sur la période 2017-2019), les exportations espagnoles de dérivés de tomate ont enregistré des baisses sur le secteur des concentrés (-5%, -21 000 mT de produits finis exportés sous codes 200290), et des conserves (-8%, -11 000 mT de produits finis, codes 200210) ; en revanche, le secteur des sauces a amélioré le résultat de l’année précédente, avec une hausse sensible (+15%, +13 000 mT de produits finis, codes 210320).
Toutefois, parallèlement aux tassements constatés par rapport à l’année très particulière qu’a été 2020, la comparaison des résultats 2021 avec ceux de la période d’avant-Covid (2017-2019) confirme une dynamique de fond positive et met en évidence des performances en nette progression sur les secteurs des concentrés (+17 000 mT, +4%) et des sauces (+20 000 mT, +26% !), et un léger ralentissement sur celui des conserves (-5 000 mT, -4%).
Le secteur des concentrés constitue, en termes de volumes comme de valeur, le principal poste d’exportation de la filière espagnole. En 2021, un peu plus de 409 000 mT de produits finis ont ainsi été acheminées vers les marchés étrangers ; au sein de ces quantités, les pays d’Europe (UE occidentale, orientale, et Europe non communautaire) ont représenté une part très importante de la clientèle des produits espagnols, avec plus de 350 000 mT de produits en 2021 et 85% de l’activité totale en moyenne sur les cinq dernières années. Les composantes du recul des ventes extérieures se situent essentiellement dans ces régions, et plus particulièrement au niveau des échanges avec l’Italie, dont les achats de concentrés espagnols ont littéralement plongé au cours des dernières années, passant de plus de 78 000 mT en 2018 à moins de 34 000 mT en 2021. Là encore, les résultats de campagne de transformation 2020, plutôt médiocres en Espagne et parmi les meilleurs des dix dernières années en Italie, expliquent une baisse relative de la demande italienne (également approvisionnée par d’autres pays concurrents) en même temps qu’une contraction des disponibilités espagnoles.
L’ensemble des performances réalisées sur les autres destinations européennes importantes pour la filière espagnole (Allemagne, Pays-Bas, France, Portugal, Belgique, mais aussi Pologne et Royaume-Uni), toutes largement positives par rapport à la période pré-Covid, confirment la bonne tenue des produits espagnols en termes de compétitivité ; parmi les autres régions importatrices de concentrés espagnols (Extrême- et Moyen-Orient, Afrique australe et méditerranéenne, Eurasie, etc.), aucune n’a enregistré l’an dernier de baisse significative de ses achats.
En compétition permanente avec l’Italie, n°1 mondial du secteur des conserves de tomate, l’Espagne, n°2 régulier du marché, peine à maintenir le niveau de son activité d’exportation ; le développement rapide qui a conduit les volumes exportés à un maximum de 166 000 mT de produits finis en 2012 a été suivi d’une érosion presque régulière, avec un résultat inférieur à 126 000 mT l’an dernier. Principaux débouchés des conserves espagnoles, les pays européens (UE27 et Europe non communautaire) assument la majeure partie de la baisse : comparées à celles de la période pré-Covid, les exportations réalisées en 2021 à destination du Royaume-Uni, du Portugal, de l’Allemagne et des Pays-Bas ont enregistré des reculs allant de 14% à 18%, que n’ont compensés qu’en partie les progressions observées sur les marchés français, belges ou estoniens.
Contrairement aux dynamiques observées sur les secteurs des concentrés ou des conserves, le développement des ventes extérieures de sauces et ketchup ne s’est pratiquement pas démenti depuis une décennie. La progression a porté les quantités exportées aux environs de 98 000 mT en 2021 avec, une fois encore, une forte représentation des marchés européens, notamment français et dans une moindre mesure néerlandais, allemands et britanniques, ainsi que marocains.
Le résultat 2021 des exportations espagnoles de sauces a été supérieur de plus 20 000 mT de produits finis (+26%) au niveau moyen d’activité de la période d’avant-Covid.
De fait, et bien qu’en légère baisse (-14 millions d’Euros, -3%) par rapport au résultat de 2020 en raison du tassement intervenu sur les exportations de concentrés, la performance espagnole en 2021 (523 millions d’Euros) affiche une progression notable non seulement par rapport aux trois années précédentes (+8%) mais aussi et surtout exceptionnelle (+77 millions d’Euros, +17%) par rapport au résultat annuel moyen de la période pré-Covid : la valeur des exportations de concentrés s’est élevée l’an dernier aux alentours de 366 millions d’Euros, en hausse de 15% par rapport à la période 2017-2019, contre 91 millions d’Euros générés par le secteur des sauces (+32%) et 66 millions pour celui des conserves (+14%).
Quelques données complémentaires
Afin de simplifier les comparaisons, les échanges avec le Royaume-Uni ont été considérés pour l’ensemble des années présentées (2005-2021) comme appartenant à l’Europe non communautaire. Le détail des statistiques est disponible sur simple demande auprès de Tomato News.
Les quantités transformées en Espagne au cours des trente dernières campagnes.
Les exportations espagnoles de concentrés de tomate (200290) à destination des pays membres de l’UE27.
Longtemps comprise entre 75% et 80%, l’importance de la clientèle communautaire (EU27) dans les revenus issus des exportations espagnoles de dérivés de tomate tend à décroître, notamment depuis 2012 ; relativement stable pour les secteurs des concentrés et des conserves, la fraction imputable aux importations de sauces des pays de l’UE27 a fortement décru depuis 2005, au fur et à mesure du développement des importations britanniques.
En 2021, les exportations de dérivés de tomate vers les pays de l’UE ont généré 69% environ des revenus espagnols du secteur.
Sources: TDM
