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Chine : les exportations menacées par une possible extension du boycott

04/02/2021 - François-Xavier Branthôme - Read in English
Le Canada rejoint le Royaume Uni en instaurant des mesures pour mettre un terme aux importations de produits provenant du travail forcé en Chine
Le gouvernement Trump interdit les importations du coton et des dérivés de la tomate provenant de la région du Xinjiang en Chine
 
 
Le 13 janvier dernier, l’agence douanière US la Customs and Border Protection (CBP) a annoncé le boycott des États-Unis sur « les produits issus du travail forcé des Ouïghours, dont le coton du Xinjiang, ainsi que tous produits à base de tomate » (concentrés, conserves, sauces, et semences). Cet embargo s’aligne avec les annonces faites le 12 janvier par le Royaume-Uni et par le Canada concernant l’arrêt de l’importation de marchandises directement impliquées dans ce que les diplomaties occidentales appellent un « ethnocide ».
 
Le 12 janvier 2021, le Canada a annoncé sa décision d’interdire les produits fabriqués entièrement ou partiellement dans un contexte de travail forcé, et d’imposer son exigence sur les entreprises implantées au Xinjiang de reconnaître les atteintes aux droits des êtres humains dans la région. Le même jour, la Grande-Bretagne venait d’annoncer des mesures semblables.
 
Selon la diplomatie britannique, cette mesure de guerre économique s’oppose à « la détention arbitraire, la rééducation politique, le travail forcé, la torture et la stérilisation forcée [des Ouïghours] à l’échelle industrielle ». La guerre commerciale s’articule désormais autour d’Ottawa et de Londres, et des pressions exercées sur Washington. Force est de constater que ce mouvement anglo-saxon fait écho aux accords d’investissement de l’Union européenne avec la Chine en décembre 2020, conclus au terme de négociations qui « se sont déroulées au mépris des règles de l’Organisation internationale du travail que Pékin a refusé de signer ». Dans un climat post-Brexit houleux et de guerre économique bipolaire, ces évènements créent un gouffre diplomatique entre puissances pourtant alliées, contraignant l’Europe à une position isolée.
 
La mesure annoncée le 13 janvier par le gouvernement Trump fait suite à une interdiction plus ciblée de la part de la même administration annoncée en décembre dernier contre les produits issus du coton fabriqué par la Xinjiang Production and Construction Corps, que la CBP considère comme une « organisation économique et paramilitaire dirigée par le parti communiste chinois ».
 
En septembre, les États-Unis interdisaient l’importation de certains vêtements et composants informatiques provenant de Chine, affirmant que ces produits étaient fabriqués par des personnes soumises aux travaux forcés dans le Xinjiang. Ces mesures américaines font suite à des efforts concertés de la part d’une coalition de plus de 190 organisations qui poussent les grandes marques de mode à cesser d’utiliser le coton du Xinjiang et qui font pression sur les sociétés internationales d’audit de ne plus collaborer avec les usines de la région.
 
Selon le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Zhao Lijiian, à Pékin : « Ces prétendus travaux forcés sont une invention et pure fabrication de la part d’institutions et d’individus en Occident, y compris les USA. Leur objectif est de sévir contre les sociétés et les acteurs pertinents en Chine, et de limiter le développement du pays. »
 
L’année dernière, les États-Unis ont importé de Chine pour 9 milliards USD de produits fabriqués à partir du coton et pour 10 millions USD de dérivés de tomate, selon Brenda Smith, la commissionnaire opérationnelle adjointe du département du commerce de la CBP. Selon les chiffres officiels de Bloomberg, la région du Xinjiang en Chine est la plus grande zone de production et de transformation de la tomate du pays, et de toute l’Asie. Elle génère environ 70% de l’ensemble de la production chinoise de cette commodité. Les tomates sont la marchandise d’exportation la plus importante pour la région, avec une valeur annuelle qui dépasse 500 millions USD. Les sociétés COFCO Tunhe, Chalkis Health Industry Co. et Xinjiang Tianye dominent la filière tomate de la région, et détiennent 60% des parts de marché.
 
La Chine est le premier exportateur mondial de concentrés de tomate, avec presque 40% des échanges mondiaux, selon les médias locaux. Le Xinjiang a exporté plus de 80% de son concentré de tomate vers la Russie et l’Italie pendant les 8 premiers mois de 2019.
 
Exportations chinoises de dérivés de tomate sous les codes 200290 vers le Canada, le Royaume-Uni et les USA.
 
Les produits qu’il est prévu de retenir dans les ports d’entrée US comprennent les vêtements et textiles, les graines de tomates, les conserves de tomates et la sauce tomate, selon le commissionnaire par intérim de la CBP, Mark Morgan. Le soi-disant ordre de blocage s’appliquera également aux produits fabriqués dans d’autres pays qui utilisent le coton, les tomates et les dérivés de tomate originaires du Xinjiang, a-t-il précisé.
 
Le président US Joe Biden a qualifié de « génocide » le programme chinois de détention et de rééducation massive de la minorité ouïgoure au Xinjiang, et a sollicité la mise en place d’un effort international pour faire opposition à cette campagne.
Non seulement la nouvelle administration Biden devrait-elle assurer une mise en application ciblée de ces mesures, mais elle devrait envisager une approche à l’échelle mondiale pour que leurs alliés rejoignent les USA dans leurs efforts pour mettre un terme aux travaux forcés dans le Xinjiang, a ajouté Stephen Lamar, le président de l’AAFA (l’association américaine des industriels de la mode).
 
La réalité des chiffres et le risque de « contagion »
Plus que l’effet immédiat de telles décisions et mesures – qui reste très limité sur le plan quantitatif, c’est l’impact d’une éventuelle généralisation de la démarche, telle qu’effectivement souhaitée par l’administration Biden, qui pourrait impacter les ventes extérieures chinoises.
En effet, les quantités mobilisées par les achats britanniques, canadiens et US n’ont pas dépassé 8 400 tonnes métriques de concentrés de tomate (produits finis) au total l’an dernier (période décembre 2019-novembre 2020). Ce niveau est très inférieur à ce qu’il était en 2015 (18 000 mT) ou en 2011 (36 000 mT). Les seules exportations directes vers ces trois pays n’ont drainé qu’à peine 1% des volumes annuels totaux exportés par la filière chinoise au cours des trois dernières années.
En revanche, l’approche globale préconisée par la nouvelle administration US et l’application de l’embargo aux produits élaborés dans d’autres pays à partir de dérivés de tomate d’origine chinoise pourraient s’avérer beaucoup plus lourdes de conséquences. Les quantités de sauces – ou d’autres dérivés élaborés à partir de produits chinois en Europe, en Asie, en Amérique du Sud ou ailleurs – qui entrent chaque année sur le territoire US sont extrêmement difficiles à évaluer aujourd’hui, mais le contrecoup de la disparition de ces flux ne serait sans doute pas neutre pour la filière de transformation du Xinjiang.
Comme le montre le durcissement progressif des mesures et le rapprochement avec d’autres pays, cet ordre de blocage en douanes mis en place par les autorités US pourrait être désormais adopté par les états « alliés » britannique et canadien, voire s’étendre à l’ensemble de la « sphère diplomatique anglo-saxonne », impliquant alors l’Australie et la Nouvelle-Zélande, comme semblent le penser certains experts de la politique internationale. Les volumes concernés directement seraient alors de l’ordre d’une vingtaine de milliers de tonnes de produits finis (à peine plus de 2% des exportations chinoises moyennes des trois derniers exercices), auxquels s’ajouteraient une fois encore les quantités de produits secondement élaborés par d’autres pays, qui se verraient alors contraints de repositionner leurs sources pour maintenir leurs relations commerciales.
Pour l’instant, la Communauté européenne n’a pas commenté les prises de positions canadiennes, britanniques et US.
Exportations chinoises de dérivés de tomate sous les codes 200290 vers le Canada, le Royaume-Uni, les USA, l’Australie et la Nlle-Zélande.
 
Les quantités exportées par la Chine sous les codes 200290 entre décembre 2019 et novembre 2020 ont reculé de 8% sur un an et de 2% environ par rapport au résultat moyen des trois exercices précédents (2016/17, 2017/18 et 2018/19), suivant plus ou moins en cela la baisse de l’activité de transformation enregistrée en Chine ces dernières années.
Cinq régions constituent, avec plus de 80% des flux moyens des trois derniers exercices, les débouchés stratégiques de la filière chinoise des purées concentrés : au premier rang de celles-ci figure toujours l’ensemble regroupant les pays d’Afrique de l’Ouest avec, en tête,  le Ghana, le Togo, le Nigéria, le Bénin, la Côte d’Ivoire, etc. Toutefois, les quantités livrées dans cette région (283 000 mT) sur la période considérée (déc.-nov.) ont reculé de plus de 8% sur l’année et de près de 11% par rapport à la performance moyenne des trois périodes équivalentes précédentes. L’Afrique de l’Ouest a drainé en moyenne un tiers des ventes extérieures chinoises du secteur des trois dernières années.
 
Les achats de l’UE27 (environ 150 000 mT sur la période déc.2019-nov.2020), portés principalement par les importations italiennes (Italie du Sud, pour réexportation) et polonaises dans une bien moindre mesure, ont enregistré une forte hausse ces dernières années (voir les données complémentaires en fin d’article) qui ont hissé la région au deuxième rang de la clientèle pour les dérivés chinois sous codes douaniers 200290, une position ordinairement partagée entre le Moyen-Orient et l’Extrême-Orient. Pour ses approvisionnements, l’UE27 a mobilisé en moyenne un peu plus de 13% des exportations annuelles chinoises des trois dernières années. À l’inverse, il est indéniable que la part représentée par les produits chinois dans les achats européens est relativement importante. Ainsi, si nous ne disposons pas, au moment de la rédaction de cet article, de tous les chiffres pour la dernière période (déc.-nov.), on peut retenir que pour les exercices commerciaux précédents (juillet-juin), les dérivés chinois ont représenté environ 8% des flux entrants sur le territoire communautaire.
 
Sur les trois dernières années (périodes déc.-nov.), la Chine a exporté des quantités similaires vers le Moyen-Orient (119 000 mT), l’Extrême-Orient (115 000 mT) et l’Eurasie (100 000 mT). Certains de ces débouchés importants ont cependant affiché, à des degrés divers, des fléchissements notables de leurs importations de dérivés chinois sous codes douaniers 200290. Les quantités importées par les pays du Moyen-Orient (notamment les Émirats Arabes Unis et Oman) et d’Eurasie (Russie, Turquie) ont respectivement diminué de 9% et de 17% par rapport à la moyenne des trois années précédentes.
 
La filière chinoise s’efforce également de se positionner à l’export sur les autres secteurs. Les volumes restent relativement marginaux en ce qui concerne les conserves (codes douaniers 200210, moins de 3 200 mT par an sur les trois dernières périodes considérées), principalement destinées au marché saoudien. Ils sont un peu plus conséquents sur le secteur des sauces (codes douaniers 210320) où les quantités livrées sur des marchés aussi divers que le Chili, Hong Kong, le Ghana, l’Australie ou la Côte d’Ivoire, etc. se sont élevées aux environs de 36 000 mT annuelles en moyenne.
 
Les revenus totaux des exportations chinoises de dérivés de tomate restent cependant essentiellement construits sur le secteur des purées concentrées. Sur les 720 millions de dollars US générés par l’activité extérieure en moyenne sur les trois dernières années, seuls 5% ont été produits par les secteurs des sauces (29 millions USD, 4%) et des conserves (5 millions USD, 0,7%).
 
Dernière minute
Les résultats d’activité incluant le mois de décembre ont été publiés après la rédaction de cet article. Ils fournissent des repères annuels et semestriels pour la comparaison avec nos précédentes analyses des performances chinoises.
  Selon ces derniers chiffres, avec un volume total de 855 490 mT, les quantités exportées par la Chine sous les codes 200290 sur l’année calendaire 2020 ont reculé de 8% sur un an et de 4% environ par rapport au résultat moyen des trois années précédentes (2017, 2018 et 2019).
  Les quantités livrées aux USA, au Canada et au Royaume-Uni entre janvier et décembre 2020 ont été inférieures de 1 600 mT (17%) à celles enregistrées en 2019.
  Les quantités livrées aux pays de l’UE27 se sont élevées à près de 139 000 mT, en hausse de 19% sur un an et de 48% (plus de 45 000 mT) comparées au volume annuel moyen mobilisé sur les trois années précédentes.
 
Quelques données complémentaires :
En tout état de cause, il importe de mentionner que le Xinjiang, pour être la principale région chinoise de production et de transformation de la tomate, et actuellement centre de toutes les préoccupations politico-commerciales, n’est que l’une des trois zones où s’exerce cette activité : la Mongolie Intérieure et le Gansu assument selon les années entre 15 et 20 % de la production totale chinoise.
 
Évolution et détail des exportations chinoises (codes douaniers 200290) à destination des pays de l’UE27.
 
Évolution des exportations chinoises par segment (codes douaniers 200290)
 
Évolution et détail des exportations chinoises (codes douaniers 200290) par région destinataire.
 
Sources: washingtonpost.com, leparisien.fr, cbp.gov/newsroom, portail-ie.fr, bloomberg.com, reuters.com
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