Le résultat de l’activité exportatrice espagnole de 2022/2023 est marqué par un fort contraste entre l’envol de la valeur et les résultats plutôt moyens en termes de quantités, bridés par les difficultés d’origine climatique qui ont pénalisé la filière agro-industrielle ces dernières années.
Comme pour beaucoup d’autres pays exportateurs de dérivés de tomate, les chiffres d’affaires liés à cette activité ont connu une véritable envolée en Espagne depuis deux ou trois ans. En 2022/2023 (période juillet-juin), la valeur totale des ventes extérieures espagnoles de dérivés de tomate s’est élevée à près de 757 millions d’Euros (793 millions USD), en hausse de 30% par rapport à l’exercice précédent. La montée en flèche est encore plus impressionnante par rapport à la période pré-Covid, puisque le résultat du dernier exercice est supérieur de plus de 61% à celui de la période 2017/2018-2019/2020 (469 millions d’Euros).
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Avec près de 497 millions d’Euros, les ventes extérieures de concentrés (codes 200290) ont représenté deux tiers de la valeur totale sur le dernier exercice ; les exportations de sauces ont contribué à hauteur de 20% du chiffre total et les conserves pour 14% de l’ensemble sur l’exercice 2022/2023.
Parallèlement à cet accroissement spectaculaire de la valeur, la filière espagnole a été confrontée ces dernières années à des difficultés climatiques qui ont sensiblement réduit les quantités transformées par l’industrie et fortement érodé les quantités de concentrés de tomate exportées. Par comparaison avec les trois exercices précédents, les marchés les plus impactés ont également été les marchés historiquement les plus importants : de forts reculs ont touché les achats allemands, néerlandais, italiens, japonais, portugais, belges, etc. Le Royaume-Uni a fait exception à cette règle en maintenant pratiquement à l’identique ses importations de concentrés de tomate espagnols. Sur un plan plus large et des quantités moins importantes, des fléchissements ont également touché les régions d’Eurasie, d’Afrique Méditerranéenne, du Moyen-Orient, d’Amérique Centrale, etc., (voir les informations complémentaires en fin d’article).
Au total, ce sont un peu plus de 100 000 tonnes de concentrés qui ont manqué à l’appel en 2022/2023 par rapport à la performance moyenne des trois exercices précédents, dans un contexte global marqué par un regain d’activité sur ce secteur.
Les exportations de conserves (code 200210) de l’exercice 2022/2023 sont restées globalement stables par rapport au niveau moyen d’activité de la filière espagnole depuis six ou sept ans (133 000 tonnes). La re-focalisation des ventes vers les marchés de l’Union Européenne, amorcée en 2019/2020, au début de la pandémie, s’est poursuivie l’an dernier : près de 80% des quantités exportées ont été destinées en priorité à la France, au Portugal, à l’Allemagne, aux Pays-Bas, à la Belgique, à la Pologne, etc. Hors UE, les principaux marchés sont britanniques, coréens et norvégiens.
Si la plupart des marchés européens ont maintenu, voire légèrement accru, leurs achats de conserves espagnoles, il importe de noter le fort ralentissement des importations annuelles du Royaume-Uni, passées de près de 30 000 tonnes durant la pandémie à tout juste 20 000 tonnes en 2022/2023.
En dépit de cette grande stabilité, la valeur des exportations espagnoles de conserves a atteint plus de 107 millions d’Euros (112 millions USD) en 2022/2023, en hausse de 58% par rapport à la valeur moyenne des trois exercices précédents (68 millions d’Euros) et de 84% par rapport à la période d’avant Covid.
Les ventes extérieures de sauces & ketchup (codes 210320) espagnols, un moment ralenties durant la pandémie, ont repris leur croissance amorcée en 2015/2016 ; les quantités mobilisées se sont élevées l’an dernier à près de 104 000 tonnes, soit 10% de plus qu’en moyenne sur les trois années précédentes (94 000 tonnes) et 26% de plus que sur la période pré-Covid (82 000 tonnes).
Les deux marchés historiques principaux, France et Royaume-Uni, ont été porteurs de développement, à l’inverse de quelques autres (Pays-Bas, Allemagne, Italie, Portugal ou Australie) ; il importe également de souligner l’émergence du marché marocain dans la clientèle des sauces espagnoles, dont les achats annuels sont passés de quelques centaines de tonnes jusqu’en 2017/2028 à près de 11 000 tonnes en 2021/2022 et près de 9 000 tonnes en 2022/2023.
Sur un plan plus large, l’essor des ventes espagnoles de sauces tomate s’est accompagné d’un rééquilibrage des flux d’exportation en faveur des marchés extérieurs à l’UE (voir les informations complémentaires en fin d’article).
Pour l’exercice 2023/2024 en cours, les chiffres disponibles (période juillet-novembre) des exportations de concentrés font apparaître un net ralentissement de l’activité sur le secteur des concentrés (118 000 tonnes exportées contre 159 000 tonnes sur la même période de l’exercice précédent) et sur le secteur des conserves (54 000 tonnes sur l’exercice en cours contre 59 000 tonnes sur l’exercice précédent). En revanche, les ventes extérieures de sauces progressent pour l’instant fortement, avec 50 000 tonnes sur les cinq premiers mois de l’exercice 2023/2024, contre 39 000 tonnes pour la même période de l’exercice précédent.
Quelques données complémentaires
Evolution des quantités transformées en Espagne depuis 1989.
Rythme annuel moyen de croissance (CAGR) des exportations espagnoles de concentrés, par région, sur les quatre dernières années.
Comparaison des exportations annuelles espagnoles de sauces, dans et hors UE.
Sources: Trade Data Monitor
