Californie: manteau neigeux insuffisant
La sécheresse rattrape la Californie, que les tempêtes saisonnières ont eu tendance à contourner… Cette année, nombres de régions devraient enregistrer le mois de février le plus sec depuis la mise en place des statistiques météorologiques. En effet, la Californie n'a enregistré aucun événement majeur de pluie ou de neige en montagne depuis le 26 décembre, et les conditions de sécheresse, qui ont sévi dans l'État de 2011 à 2017, ont fait leur réapparition sur les cartes de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA, l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique).
La situation actuelle a échappé aux prévisions, puisque le début de l’hiver laissait présager un manteau neigeux abondant et une transition facile vers les besoins du printemps, comme cela avait été le cas durant l’hiver précédent. Force est de constater aujourd’hui que les précipitations se sont déplacées vers le nord depuis le début 2020, que les températures ont été supérieures à la moyenne et que les conditions de sécheresse sont de plus en plus évidentes.
Au 20 février dernier, le manteau neigeux à l'échelle de l'État ne représentait que 52% de la moyenne pour cette période de l'année, en forte baisse par rapport aux 92% enregistrés au 1er janvier. Alors que l’agriculture californienne attend la prochaine grande tempête, le déficit pluviométrique augmente, la sécheresse et les risques d'incendie s’aggravent, alors que cette période est habituellement l’une des plus humides de l'année.
La majeure partie de la Californie a reçu moins du quart des précipitations habituelles moyennes en janvier et février. Les quelques épisodes pluvieux des deux premiers mois de l’année ont été qualifiés de légers ou modestes. Selon la presse US, le mois de février en Californie a été extrêmement sec, au point que les records mensuels de faibles précipitations pourraient encore chuter. En certains endroits, notamment à San Francisco, à Sacramento et dans le nord de la Sierra Nevada, les précipitations de février n’ont pas été mesurables.
La situation est un peu moins défavorable dans le sud de l’Etat (San Diego et Los Angeles) où les tempêtes de novembre et décembre ont permis d’amortir le déficit pluviométrique du début de 2020.
Mais dans certaines parties du nord de la Californie, ainsi que dans la Sierra Nevada, qui constitue l’un des réservoirs naturels pour l’irrigation de l’Etat, la situation est délicate : ces régions ont reçu moins de la moitié des précipitations prévues pour l'année hydrique (1er octobre – 30 septembre) précédente, et l’absence de précipitation du 1er octobre au 25 novembre 2019 a clairement marqué un début de saison sèche.
Selon les données communiquées par l’institut de surveillance de l’état de sécheresse aux Etats-Unis, environ 60% du territoire californien était considéré comme anormalement sec ou en période de sécheresse modérée au 18 février.
Conditions de sécheresse en Californie au 18 Fevrier, 2020. (U.S. Drought Monitor) 
Pour Richard Tinker, expert en sécheresse au Centre de prévision climatique de la NOAA, une éventuelle aggravation des déficits pluviométriques cet hiver ne devrait pas intensifier rapidement la sécheresse : «Il est certain que si la saison des pluies se termine et que le manteau neigeux reste insuffisant, dans un contexte de précipitations déficitaire, les conditions et les effets de la sécheresse pourront, dans le meilleur des cas, rester inchangées jusqu'à la prochaine saison des pluies, c’est à dire tout au long de l'été et jusqu'à l'automne ».
Europe : une douceur inattendue
Des circonstances météorologiques exceptionnelles en Arctique ont maintenu les conditions hivernales à distance de la majeure partie du territoire des États-Unis et de l'Europe, créant ainsi les conditions pour l’hiver le plus doux jamais enregistré dans ces régions. Ce phénomène est lié à un schéma météorologique connu sous le nom d'oscillation arctique (AO) qui empêche l'air sec glacial de déferler vers le sud. L’Europe a ainsi connu son mois de janvier le plus chaud jamais enregistré, et les États-Unis leur hiver le plus chaud jamais enregistré, avec des températures exceptionnelles en décembre (le sixième le plus chaud) et en janvier (le cinquième le plus chaud jamais enregistré).
Ces conditions anormalement douces en Europe ont été particulièrement ressenties dans l’est de la zone, du nord de la Turquie et de la Grèce jusque dans le nord de la Roumanie, de façon moins marquée dans d’autres régions de production de tomate d’industrie (Italie nord et sud, France) ; en revanche, les températures hivernales ont été conformes aux normales saisonnières au Portugal et en Espagne.
Sur la même période, les précipitations ont légèrement dépassé les moyennes habituelles dans les régions de production françaises et ponctuellement en Italie et en Grèce ; le premier mois de 2020 en revanche a été exceptionnellement sec, et plus particulièrement en Italie du sud et en Grèce.
Quelques données complémentaires
Vue polaire de la situation (différences de température par rapport à la normale au cours des 60 derniers jours écoulés) le lundi 10 février 2020. (USA en bas au centre, Europe à droite, Russie et Chine en haut).
Source : washingtonpost.com, WeatherBell, NOAA
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