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News

Italie : la campagne 2023 (presque) à l'heure des bilans

26/09/2023 - François-Xavier Branthôme - 2023 Season - Read in English

Tomate d’Industrie: « Les dégâts causés par les intempéries et le dumping chinois mettent en danger un secteur clé ».

« Les données publiées par l'Anicav, qui estime à 5,6 millions de tonnes la récolte de tomates de 2023, sont manifestement de bonnes données sur le papier, même si je crains qu'elles ne soient trop optimistes, du moins pour le territoire nord de l'Italie ; en effet, les conséquences des dernières fortes chutes de grêle qui ont frappé notre territoire ont considérablement réduit les surfaces à récolter et les rendements qui en découlent. » Tels sont les propos – repris dans la presse italienne des premiers jours d’août – d’Alessandro Squeri, directeur général de Steriltom, l’entreprise de Gragnano active dans la production de pulpes et de concentrés de tomate au niveau européen.

« Cela est particulièrement vrai en Romagne où aux dégâts considérables causés par les inondations de mai se sont ajoutés cinq épisodes de grêle. Nous comptons tous sur la compétence et l’expérience de nos agriculteurs, qui peuvent au moins récupérer ce qui peut être sauvé, même si, face à certaines situations, il ne reste plus grand-chose à faire. La campagne dans le nord de l’Italie - ajoute Squeri - est compromise et je crains que les pertes ne dépassent 15% par rapport aux estimations initiales, avec des pointes de 30% dans certaines régions ».

« Aux dommages déjà graves causés par les intempéries - poursuit-il - s'ajoute la menace provenant de la concurrence étrangère, notamment chinoise, qui exporte du concentré de tomate en Europe à des prix hors du marché. La production européenne, et en particulier la production italienne, s'est toujours distinguée par la durabilité et la sécurité qu'elle offre au consommateur final. Bien sûr, les produits provenant de certains pays non européens coûtent moins cher, mais au prix de niveaux préoccupants de pesticides et de dommages environnementaux, ou d’un manque de traçabilité et de contrôles tout au long de la filière, etc. Sans parler des questions éthiques comme le respect des populations locales et le travail forcé sur le terrain, reconnus dans certains cas même par l'ONU ».

« Il est évident – continue Squeri – que face au dumping de ces pays, l'industrie ne dispose pas à elle seule de moyens suffisants pour combattre cette pratique. Une intervention au niveau européen serait nécessaire, qui, nous l'espérons, rétablira une plus grande protection du marché intérieur et des règles plus strictes pour les importations en provenance de pays tiers, notamment en termes d'éthique et de durabilité, comme l'ont fait récemment par exemple les États-Unis et l'Angleterre ».

« Pour sa part, et malgré les difficultés évidentes, Steriltom - souligne Squeri - s’organise pour garantir les quantités réservées à ses clients historiques, en collaboration avec plus de 200 agriculteurs et 700 employés, grâce auxquels, en 2022, l’entreprise a transformé plus de 420 000 tonnes de tomates pour un chiffre d'affaires de 155 millions d'euros. Des estimations que nous espérons atteindre et dépasser également pour la campagne 2023 », conclut-il.

Vénétie : des conditions plus favorables grâce aux chaleurs du mois d'août
Quelques jours plus tôt, fin août, la presse de la région de Vérone expliquait que les pluies et la grêle qui ont marqué l'été 2023 en Vénétie n'avaient pas été propices à la culture des tomates d’industrie, même si la chaleur du mois d'août avaient permis une amélioration en limitant les pertes de production.

Cependant, le prix plus élevé cette année payé aux agriculteurs aux termes de l'accord signé avec l'industrie en mai dernier, égal à 150 euros la tonne, devrait compenser le manque à gagner, même s'il faut attendre la fin de la campagne à la mi-septembre, pour établir un décompte définitif.
« La campagne de cette année a mal commencé, car il a beaucoup plu et certaines cultures ont été endommagées par la grêle – souligne Marco Giavoni, de la section « dérivés de tomates d’industrie » de la Confagricoltura Vérone, lui-même exploitant agricole à Nogarole Rocca dans la province de Vénétie.

"Heureusement, la chaleur du mois d'août et les semaines sèches ont permis une récupération et une mise en condition optimale des sols pour la récolte. Il manque un peu de quantité, mais la qualité est bonne : il y a très peu de déchets et de tomates vertes. Les exploitations touchées par les orages ont signalé des pertes importantes, mais d’autres réalisent une excellente récolte. A titre personnel, mes cultures ont été impacté par deux orages et par une tempête de grêle : les pertes s'élève à environ 20 %. Mais nous devons nous habituer désormais à travailler dans un pays sous régime tropical, avec beaucoup de chaleur et des pluies abondantes et fréquentes. Une situation que la tomate n'aime pas, elle qui préfère les conditions chaudes et sèches ».

Cette année, la demande de l'industrie est élevée, notamment en raison de l’insuffisance de matière première sur le marché suite aux inondations en Romagne. Pour sa part, la région de Vérone investit massivement dans cette culture : selon les données publiées par Veneto Agricoltura 2022, Vérone confirme son leadership en Vénétie avec environ 1.100 hectares sur les 1.760 cultivés dans la région (en hausse de 14%), suivi par Rovigo (370 hectares, en baisse de 26 %) et Venise (200 hectares, en hausse de 25 %).
« La tomate est une culture difficile, car elle coûte très cher, mais elle s’avère satisfaisante – confirme Marco Giavoni. En cette période où il est difficile de savoir quelles cultures mettre en œuvre, nombreux sont ceux qui se lancent dans la tomate d’industrie en espérant de bons résultats. Par opposition au secteur des céréales, où les prix, du maïs à l'orge, se sont effondrés, les producteurs de tomates d’industrie sont payés 150 Euros la tonne. Il s’agit d’une augmentation significative par rapport aux prix de l'année dernière, même si la hausse des coûts de production – énergie, engrais, pesticides et emballages – nous empêche de dégager une marge importante ».

Basilicate : la récolte avance rapidement
En Basilicate, zone hautement spécialisée dans la culture de tomates industrielles, la campagne a débuté début août. Au début de la semaine 37, plus de 50 % du produit a déjà été récolté.
L'agronome Mario Cardone dresse un premier bilan de production d'une saison au cours de laquelle le changement climatique a créé de nombreux problèmes. « Il n'a pas plu depuis début juillet, donc la récolte, réalisée dans la plupart des cas avec des récolteuses mécaniques, progresse rapidement, puisqu’elles travaillent en conditions sèches. Le climat est donc idéal pour la maturation des fruits. Il fait encore chaud et le produit est de qualité optimale. Nous prévoyons que la récolte se terminera à la mi-octobre, soit environ quinze jours plus tard qu'en 2022. »

La saison a démarré par à-coups déjà en phase de transplantation : les pluies fréquentes en avril, mai et juin ont rallongé la période de repiquage, et également entrainé des répercussions sur la production. « Il n'y a pas de continuité dans la récolte – explique l'agronome. Des périodes de manque de produits alternent avec des moments d'abondance. Les rendements par hectare ne sont pas très élevés : nous avons des moyennes d'environ 90 tonnes/hectare. Les superficies plantées en tomates d’industrie en Basilicate montrent une augmentation de 5 à 10% par rapport à l’année dernière, mais la baisse des rendements semble remettre en question la croissance globale de la production ».

Avec cette météo anormale, les difficultés phytosanitaires ne manquent pas, qui commencent par la propagation du mildiou et se poursuivent avec l'Alternaria et la bactériose. « Les températures caniculaires du mois de juillet ont compromis la nouaison, réduisant le nombre de fruits sur les plantes et augmentant le pourcentage d'attaques d'araignées rouges et d’acariose bronzée de la tomate. Bien que certains coûts de production aient diminué par rapport à la saison précédente, les dépenses par hectare sont restées élevées, principalement en raison de l’augmentation des interventions phytosanitaires. Les prix sont cependant restés stables depuis le début de la récolte ».

Sources: finanza.lastampa.it, mattinodiverona.it, freshplaza.it

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ANICAV

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STERILTOM Srl

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