La Russie est un marché de moins en moins dépendant
Inspiré de la présentation d’Anton Sidorenko, Conférence Tomato News d’Avignon, en mai 2019.
La dépense russe en importations de dérivés de tomate a considérablement diminué ces dernières années. La demande domestique en produits transformés progresse régulièrement, comme en témoignent les données de production agro-alimentaire présentées en mai dernier lors de la conférence Tomato News ; mais de plus en plus satisfaite par les produits élaborés sur le territoire russe elle requiert – et requerra dans l’avenir - des quantités en provenance de pays étrangers de moins en moins importantes.
La Russie souhaite développer sa consommation et sa production
Anton Sidorenko (Desan) explique : « Au cours des cinq dernières années, et en particulier en 2015, trois usines ont été construites en même temps, dans les trois principales régions de production et de transformation de la tomate dans le sud de la Russie, à Volgograd, à Astrakhan et en Kabardino-Balkarie. En 2019, 7 000 hectares de culture ont été mobilisés pour l’approvisionnement de ces usines ; sur la base des rendements prévus (de 60 mT à 80 mT/ha, voire 100 mT), les perspectives de production s’élevaient aux alentours de 560 000 mT ; la filière russe prévoyait de produire [entre autres produits] 65 000 mT de concentrés, sachant que la consommation nationale est estimée aux alentours de 140 000 mT ».
Le recul sensible des importations russes
Après avoir atteint un maximum en 2013/2014 avec une dépense équivalente à 200 millions USD environ, la valeur totale des approvisionnements russes en concentrés, en conserves et en sauces à base de tomate a décru à raison de 9% par an sur les six derniers exercices, pour ne plus représenter qu’un peu plus de 121 millions USD lors de l’exercice 2018/2019. La dépréciation des cours des dérivés de tomate, portée par une concurrence globale exacerbée, a contribué à l’allègement de la facture d’importation russe, notamment sur le principal poste d’achats extérieurs que constitue les approvisionnements en concentrés ; mais le premier moteur de la diminution de la dépense russe reste bien l’autonomie grandissante du marché russe vis-à-vis des importations de produits étrangers, que conforte une « préférence nationale » de plus en plus affirmée.
Sur les six derniers exercices commerciaux, les sommes investies dans l’achat de produits d’origine étrangère ont diminué au rythme de 9% par an.
La diminution des quantités de concentrés de tomate importées par la Russie est spectaculaire : entre 2013/2014 et le dernier exercice, les volumes annuels sont passés de près de 148 000 mT à moins de 116 000 mT de produits finis, soit une chute de près de 32 000 (22%) ; les opérateurs chinois, principaux fournisseurs du marché russe pour ce secteur (62% du total sur les six derniers exercices), ont fait l’essentiel des frais de cette stratégie de développement de la filière russe, avec une baisse de plus de 20 000 mT de leurs exportations entre la période 2015-2018 et l’exercice 2018/2019. Durant cette même période, le réaménagement des approvisionnements russes a affecté, dans une moindre mesure, les flux en provenance d’Espagne (-4 600 mT soit environ – 45%), du Chili (-3 700 mT, -61%) et d’Iran (- 2 900 mT, - 73%), tout en profitant modérément aux produits d’origine US (+4 000 mT, + 48%), kazakhes (+2 700 mT) et italiens (+1 800 mT).
Lors du dernier exercice, la valeur des importations russes de concentrés s’est élevée à 89,8 millions USD, soit 21% de moins que la moyenne des trois exercices précédents.
La réorientation des approvisionnements russes s’est également traduite par un changement de répartition des produits importés. La baisse des quantités a prioritairement concerné les concentrés de plus de 30 Brix ou affichant une matière sèche comprise entre 12 et 30 Brix, destinés à l’industrie ou aux collectivités (2002909100 et 2002903100), ainsi que les concentrés 12-30 Brix destinés au marché de détail (2002903900). Des hausses assez significatives ont, à l’inverse, été enregistré sur les autres segments (concentrés de moins de 12 Brix).
En 2018, la filière de transformation russe a traité un peu moins de 500 000 mT de tomate, et assuré environ 30% de ses besoins domestiques en concentré aseptique. En peu d’années, la filière russe a considérablement développé ses capacités de transformation, passant de 90 000 mT en 2015 à 550 000 mT sur la campagne 2019. Une part importante (70%) des besoins en concentrés aseptiques est encore assurée grâce aux importations, dont la diminution dans les prochaines années reste un objectif premier pour la filière russe.
Source : présentation Anton Sidorenko, Conférence Tomato News 2019, Avignon
Sauces & ketchup : un marché maîtrisé
La marge de progression de la filière russe sur le secteur des sauces est beaucoup plus réduite, puisque l’industrie nationale satisfait déjà, selon les données présentées par M. Sidorenko, environ 90% de la demande.
Encore proche de 130 000 mT par an en 1997/1998, les importations russes de sauces et ketchup ont très rapidement décliné jusqu’en 2001/2002 (moins de 18 000 mT de produits finis) ; sur les dix-huit derniers exercices, les quantités importées annuellement n’ont que faiblement varié, oscillant entre 15 000 mT et 29 000 mT, autour d’une moyenne proche de 22 000 mT. Les principaux fournisseurs du marché russe des sauces et ketchup sont vietnamiens, italiens, ukrainiens, néerlandais et sud-coréens.
La dépense pour les approvisionnements russes en sauces et ketchup du dernier exercice s’est élevée à 18,4 millions USD, en hausse de 19% par rapport à la moyenne des trois exercices précédents.
Conserves de tomates : la dépendance assumée
L’immense majorité des pays consommateurs de conserves (tomates pelées, cubetées, etc.) sourcent leurs approvisionnements auprès de la filière italienne, spécialiste et leader incontesté du secteur, et la Russie ne fait pas exception à la règle : 99% des conserves consommées en Russie proviennent de pays étrangers.
Momentanément ralenties par la crise qui a touché le rouble en 2014, les achats russes de conserves sont lentement repartis à la hausse lors des trois derniers exercices. En 2018/2019, les importations russes de conserves se sont élevées à un peu plus de 17 500 mT de produits finis. Sur les six derniers exercices, les produits d’origine italienne ont représenté 72% des approvisionnements russes de conserves, les produits espagnols et vietnamiens environ 7,5% chacun du total.
La dépense en achats extérieurs de conserves s’est élevée à plus de 13 millions USD lors du dernier exercice, en hausse de 4,5% par rapport à la moyenne des trois exercices précédents.
Quelques données complémentaires
Evolution de la valeur totale estimée des importations russes de dérivés de tomate au cours des deux dernières décennies
Evolution des dépenses estimées d’approvisionnements en dérivés de tomate
Cet article fait référence à la Conférence Tomato News qui s'est tenue à Avignon (Fr) les 16 et 17 mai 2019, pendant laquelle le rapport annuel « 2019 Processed Tomato Yearbook » a été distribué aux participants. Un exemplaire de ce livre peut être acheté sur ce site (consulter la page GET LISTED), ou vous pouvez compléter et renvoyer le bon de commande : order form.
Source : TDM, Conférence Tomato News Avignon 2019
« Carte de la Russie »