Les dérivés “nouvelle campagne” reprennent 2%
Avec quelques jours d’avance sur la date de publication des dernières années (entre le 3 et le 9 octobre) la Chambre de Commerce de Parme a publié, fin septembre, les cotations 2018 des dérivés de tomate italiens « nouvelle récolte ».
Après trois années consécutives de baisses parfois sensibles, les cotations 2018 affichent une très légère tendance à la hausse par rapport aux cotations d’ouverture 2017 (+2%) et aux dernières cotations de juillet : les gains sont mesurés mais – signe encourageant pour la filière, également plus marqués par rapport aux derniers niveaux publiés avant l’habituelle suspension estivale (+3%). L’exercice 2018/2019 s’inscrit ainsi timidement dans une logique de raffermissement des cours, indispensable pour ne pas dire vitale après plusieurs exercices marqués par une spirale de dépréciation qui a amené certains acteurs de la filière mondiale en un point critique de leur activité. Il n’est qu’à voir, en Europe, aux Etats-Unis, en Chine et ailleurs, les récents épisodes de rapprochement, de rachat, de restructuration, de réorientation ou de cessation d’activité qui ont émaillé les dernières années pour s’en convaincre : le visage de la filière mondiale a été profondément remodelé par la crise qu’elle traverse depuis 2014/2015.
Les variations par rapport aux prix d’ouverture 2017 concernent tous les types de produits, mais sont minimes ; ainsi, les triples concentrés 2018 (indice réfractométrique minimum 36%, conditionnés en fûts) sont valorisés à 950 Euros/tonne métrique (mT), soit 13 Euros (+1,3%) de plus qu’en octobre 2017 ; les doubles concentrés Cold Break (minimum 28%, en fûts) reprennent 18 Euros (+2,4%) à 735 Euros/mT, tandis que le nouveau prix pour les doubles concentrés Hot Break s’élève de 2,2% (+16 Euros) par rapport à la cotation d’octobre 2017, à 750 Euros/mT.
Le gain est plus modeste pour les passata (minimum 8%, en fûts), qui augmentent de 1,2% à 430 Euros/mT ; enfin, le prix d’ouverture des pulpes signe la plus forte hausse, avec un gain de près de 4% (14 Euros) à 375 Euros /mT.
Exprimés en dollar US, les nouvelles cotations sont pratiquement inchangées par rapport à celles d’octobre 2017 : le léger raffermissement de la monnaie US par rapport à l’Euro (+1,9% comparé aux taux de change d’octobre 2017) efface pratiquement les hausses enregistrées en Euros par les différents types de produits : moins de 1% en plus ou en moins pour les triples concentrés, les doubles concentrés CB et HB et les passata, et moins de 2% pour les pulpes.
Ce mouvement de hausse des nouvelles cotations italiennes est également observé dans d’autres foyers importants de l’approvisionnement mondial : IEG Vu faisait récemment observer que les prix des concentrés de tomate 28/30 ont sensiblement augmenté cette année aux États-Unis, passant de 680 USD/mT en septembre 2017 à 780 USD/mT en septembre 2018, une hausse de 15% qui laisse cependant les produits US très loin de leurs meilleurs niveaux (930 USD/mT) atteints en 2014.
Selon la même source, les prix des concentrés espagnols ont enregistré une hausse mesurée, similaire à celle observée sur les dérivés italiens : le prix des concentrés 28/30 serait ainsi passé de 600 Euros/mT en 2017 à 640 Euros/mT cette année, soit un gain de 7% environ ; l’augmentation intervenue sur les concentrés 36/38 serait encore plus modeste, de l’ordre de 2% (de 760 Euros/mT l’an dernier à 775 Euros/mT cette année).
Malgré l’absence de statistiques officielles, plusieurs sources professionnelles confirment également un raffermissement sensible des cotations chinoises ces derniers mois ; la situation actuelle de la filière chinoise, confrontée à une baisse drastique de sa production, laisse penser que « les prix continueront à augmenter à l'avenir, après avoir augmenté d'environ 10% par rapport à la précédente campagne ».
Les prix ont regagné quelques points mais restent très éloignés non seulement de leurs meilleurs niveaux mais aussi de ce que nombre de professionnels du secteur considèrent comme des seuils raisonnables de rentabilité.
Le léger redressement, observable sur les principaux cours mondiaux des dérivés de tomate alors que la campagne de transformation 2018 est en cours d’achèvement, est donc encourageant : les quantités transformées n’ont pas été aussi faibles depuis 2012/2013, de sorte que le nécessaire recours aux stocks existants pour la satisfaction de la demande devrait impacter positivement les cours mondiaux des dérivés de tomate dans les mois à venir ; dans un récent rapport, TomatoLand fait observer une similitude étroite entre les quantités transformées sur la période 2009 – 2012 et celles de la période 2015 – 2018 et, misant sur la cyclicité de l’activité globale, estime que « l’on peut clairement s'attendre à une forte remontée des prix, comme celle dont les transformateurs ont profité il y a six ans».
La filière mondiale devra cependant tempérer l’enthousiasme que ce timide frémissement en direction d’un retour à la normale pourrait entraîner, et veiller à ce que la conjugaison bien connue « faiblesse de la récolte – hausse des cours mondiaux des dérivés » ne débouche pas une nouvelle fois sur un emballement des tonnages en 2019 ou 2020…
Quelques données complémentaires
Convergence des prix italiens des concentrés Cold Break et Hot Break au cours des vingt-cinq derniers exercices commerciaux : sur les cinq dernières années, l’écart moyen n’a pas dépassé 16 Euros/mT.
Sources : Camera di Commercio Parma, IEG Vu, TomatoLand, TomatoNews, divers