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Italie : CoVid, prix, climat... Mots de transformateurs

13/07/2020 - François-Xavier Branthôme - 2020 Season - Read in English

A quelques semaines du lancement de la campagne 2020, dans un contexte social, économique et industriel qui fonctionne toujours au rythme imprimé par la CoVid, les filières italiennes reprennent progressivement leurs marques et commentent l’actualité.

Vincenzo Divella, PDG de la société alimentaire éponyme qui aurait dû fêter ses 130 ans d’existence en 2020 avec l'émission en juin d'un timbre émis à 500 000 exemplaires dans une série thématique consacrée à "l'excellence du système de production et économique" constate : « Confrontée à cette situation d'urgence, notre entreprise a augmenté sa rentabilité et ses exportations. Au cours des mois de mars et avril, nous avons enregistré une augmentation extraordinaire des ventes, avec une ruée sur les achats agroalimentaires au plus fort de la pandémie. En mai, les ventes ont chuté de 40%, avec une reprise de la consommation depuis la mi-juin ".

« L'impact le plus évident sur le secteur des dérivés de tomates a été celui d'un excédent de stocks dans les [produits conditionnés en] grands formats destinés au secteur de la restauration et d'une pénurie préoccupante des produits destinés au marché de détail dans les entrepôts [des entreprises de transformation]. En ce qui nous concerne, nous allons réduire de 40% la production des formats destinés aux collectivités, notamment en 3 kg. La restauration redémarrera, mais lentement, à cause des mesures de distanciation. Et surtout dans les grandes villes où les flux [de population] ne peuvent pas être gérés comme avant ».
L’entreprise affiche un chiffre d'affaires de 300 millions d’Euros, emploie 310 personnes (environ 500 avec les travailleurs saisonniers) et propose une gamme diversifiée de produits allant des pâtes aux biscuits, aux dérivés transformés de tomates longues et rondes, fournies principalement par la filière agricole régionale.

Bien que la forte augmentation de la consommation domestique et la tendance jusqu'ici positive des exportations en aient compensé en partie les effets, la suspension de l’activité du secteur Horeca liée à la crise de la Covid-19 a causé des dommages économiques importants à la filière industrielle de la tomate. « Nous transformons essentiellement - explique Vincenzo Divella - des tomates longues cultivées dans les Pouilles et des tomates rondes produites en Émilie-Romagne, près de Plaisance. Nous comptons sur une bonne récolte, qui dépendra directement des conditions climatiques : si le temps est favorable, nous pourrons récolter jusqu'à la mi-octobre. […] En ce qui concerne les prix, je suis d'avis que les produits transformés à partir de tomates fraîches devraient coûter plus cher, sachant que la moitié environ du coût final est liée à l’emballage et à tout ce que la fabrication du produit implique. […] Nos dérivés de tomates rondes et longues - précise le responsable - sont transformés à partir de produits frais, ce qui signifie que nous n'utilisons pas de concentrés. Nous ne fabriquons pas non plus de produits sous marques de distributeur : chaque produit Divella est uniquement et exclusivement traité dans nos usines, car nous n’entretenons pas de contrats avec des sociétés tierces. […] Le point critique est de savoir comment rester compétitifs : nous sommes donc souvent obligés de payer le moins possible la matière première, pour être compétitifs au niveau mondial ».

L'entrepreneur conclut: « Concernant le prix de base de la tomate d’industrie et l’incapacité à parvenir à un accord dans le sud de l'Italie (alors que « le nord » a conclu l'accord-cadre en février, à temps pour la planification des récoltes sur le terrain), [il apparaît que] les prix pourraient être laissés cette année à la libre négociation entre les parties. Malheureusement, ici, dans les Pouilles, l'agriculture dépend d’intermédiaires et non de grandes associations et nous en subissons les conséquences. Il reste que, dans le nord de l'Italie, la crise du coronavirus a dû être affrontée, qui a entraîné une augmentation générale des coûts de production. Pour compliquer encore les choses, une sécheresse prolongée s'est également ajoutée cette année, qui a affecté l'ensemble de la zone de production de la province de Foggia, la principale zone de culture. »

« Nous avons maintenant besoin de responsabilité, et d’un accord immédiat sur le prix »

Tels ont été les mots de la Confederazione Italiana Agricoltori (CIA), après que les multiples tentatives entre les organisations de producteurs et les industries pour parvenir à un accord sur le prix de référence des tomates d’industrie pour la campagne 2020 ont échoué ; l'alarme sur « le risque de devoir s’en remettre au marché libre » a été lancée début juillet par la Confédération Italienne des Agriculteurs, qui insiste pour qu'un accord soit trouvé de manière responsable entre les parties dès que possible.
« D'après les informations recueillies, il semble que les entreprises ne disposent plus de stocks - explique le président national de la CIA, Dino Scanavino - parce qu’avec la crise du coronavirus, la consommation intérieure de sauces et de passata a considérablement augmenté, compensant notamment les pertes su secteur Horeca ». Les tomates transformées, un produit traditionnellement en réserve dans tous les foyers, ont enregistré d'énormes tendances de croissance par rapport à 2019 dans la période la plus dure du confinement, avec des variations positives de plus de 35% en volume et de plus de 45% en valeur.
« Selon la CIA, les conditions actuelles sont excellentes pour une production de qualité en 2020 - poursuit Scanavino - qui donnera satisfaction à la partie agricole et à l'ensemble de la filière. Nous demandons donc que les divergences soient mises de côté afin de parvenir rapidement à un accord sur le prix, dans la mesure où l’Organisation Interprofessionnelle de la Tomate d’Industrie du Bassin Centre-Sud de l’Italie a accordé aux parties une prorogation de la date de dépôt des contrats d’approvisionnement au 10 juillet, une date très proche du début de la récolte qui laisse les producteurs dans une grande incertitude ».

Petti : « le manque de formats de détail va faire grimper les prix »

« Ces dernières années - explique Pasquale Petti, directeur général du groupe alimentaire toscan Petti - la production de tomates industrielles a connu une baisse des rendements, en raison des anomalies climatiques de plus en plus fréquentes. En 2019, nous avons traité 70 000 tonnes de tomates fraîches, avec une baisse de 30% en raison des pluies répétées. Nous pensons que la campagne 2020 promet de bons rendements en ligne avec les volumes de 2017. Pour le moment, après la crise de la Covid-19, les problèmes à résoudre sont liés au manque de stocks [provoqué par la hausse de la demande] lors de la phase cruciale de l'urgence sanitaire. En résumé, les formats de détail font défaut, ce qui a eu pour conséquence une flambée des prix ".
« Les conséquences de la pandémie auront un fort impact sur la hausse des prix à partir de septembre 2020, tout simplement parce que nous achetons des tomates fraîches à des coûts plus élevés. Désolé de le dire, mais les producteurs spéculent sur le prix à la production, avec des prix supérieurs de 30% aux niveaux habituels. »
« C’est pourquoi, pour le moment, le Sud de l’Italie ne parvient pas encore à trouver un accord avec l’industrie, même en présence d’une proposition d’augmentation de prix par rapport à l’année dernière, pour compenser le caractère exceptionnel de la campagne, qui prend en compte la crise de la CoVid, les coûts liés à l’irrigation, etc. ».
« Pour notre part- conclut l'entrepreneur - nous travaillons sur une nouvelle gamme premium de sauces tomates toscanes innovantes à l'huile d'olive extra vierge, que nous lancerons en octobre. […] Parallèlement, dans une optique de durabilité environnementale, notre marque utilisera dès la prochaine campagne commerciale des étiquettes en papier sans plastique réalisées avec du papier recyclé et biodégradable. Il s'agit d'une innovation très importante dans le secteur des conserves ; les étiquettes seront sur le marché italien dès juillet pour notre gamme de bouteilles et pots en verre. »

Source: freshplaza.it

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