Fin décembre 2017, le Ministère algérien du Commerce a publié une liste de 851 produits désormais interdits à l’importation. L’objectif des autorités est de réduire la facture des achats extérieurs et de promouvoir le développement des produits locaux équivalents.
Lors de la signature de la charte de partenariat public/privé inscrite dans le nouveau dispositif d’encadrement du commerce extérieur, le premier ministre Ahmed Ouyahia a précisé que la liste serait rapidement élargie pour inclure, dès janvier 2018, environ 1 000 produits : outre les produits à usage domestique et les matériaux de construction, l’interdiction concerne les fruits secs, les préparations de viande, les pâtes alimentaires et les dérivés de céréales, les conserves de fruits et de légumes, notamment les « tomates préparées ou conservées », ainsi que de nombreux produits alimentaires couramment fabriqués en Algérie.
Le gouvernement algérien envisage également d’élargir la liste des familles de produits soumis à la taxe intérieure de consommation (TIC, 30%) et de relever les droits de douanes jusqu’à 60% pour une trentaine d’autres catégories de produits.
Selon le ministre du commerce, « la mise en place de l’ensemble de ce dispositif vise surtout [la poursuite du] rétablissement de la balance des paiements dont le solde total a affiché un déficit de 11,06 milliards de dollars au 1er semestre 2017 contre un déficit de 14,61 milliards de dollars au même semestre de 2016 ».
Selon les données officielles, environ 95% des revenus issus du commerce extérieur proviennent des ventes de pétrole et de gaz. La chute du prix de ces produits sur les marchés mondiaux, conjuguée à la décision de l'Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole (OPEP) de réduire la production de ses membres, a entraîné une baisse sensible des rentrées de devises et un déficit de la balance commerciale algérienne ; c’est la raison pour laquelle le gouvernement algérien souhaite encourager la production domestique, et a parallèlement décidé de limiter fortement les importations.
Avec un peu moins de 41,5 millions USD en 2016/2017 et 39,5 millions USD en 2015/2016, les importations de dérivés de tomate ne représentent qu’une part infime du déficit de la balance commerciale algérienne ; l’élévation sensible du niveau d’activité de la filière locale de transformation a certainement contribué ces deux dernières années à améliorer une situation de grande dépendance qui avait coûté à l’Algérie jusqu’à près de 80 millions USD en 2014/2015.
Les quantités concernées, au moins sur le secteur des concentrés de tomate, n’en restent pas moins importantes (41 650 tonnes sur le dernier exercice), non seulement pour les pays qui trouvent là un débouché (Chine, USA et, dans une moindre mesure Turquie) mais aussi en regard de la demande nationale algérienne. Les changements spectaculaires récents du rythme des importations laissent à penser que la réalité des besoins algériens se situe à mi-chemin entre les niveaux extrêmes des derniers exercices, aux alentours de 840 000 tonnes (équivalent tomate fraîche) par an. Dans ce schéma, où certaines données concernant notamment les échanges avec les pays voisins restent incertaines, la filière algérienne de transformation a su se réapproprier une fraction déterminante de son marché domestique ces dernières années, en portant sa capacité de couverture de ses besoins apparents de quelque 40% sur la période 2011-2014 à plus de 60% sur la période 2014-2017. Cette nouvelle dynamique devrait se poursuivre encore en 2018, compte tenu d’une part de la progression régulière des quantités transformées en Algérie ces dernières années (de 260 000 mT en 2013 à 600 000 mT en 2017), et d’autre part des mesures protectionnistes décidées par le gouvernement, par définition favorables aux entreprises nationales de transformation.