En l’espace d’une douzaine d‘années et dans un contexte politique, économique et concurrentiel instable, l’Ukraine est passée, pour le secteur des dérivés de tomate, d’une situation de dépendance vis-à-vis des importations à un statut de pays exportateur, intégré au Top10 mondial des leaders du secteur, aux côtés du Chili, de la Turquie et de l’Iran.
Cette évolution spectaculaire est le résultat d’une progression impressionnante, au rythme exceptionnel de 21% par an sur la dernière décennie, des quantités récoltées et transformées par la filière nationale : en 2007, les industries ukrainiennes traitaient 85 000 tonnes (métriques, mT) ; l’an dernier, 650 000 mT ont été mobilisées et les perspectives de transformation augmentent encore cette année, qui s’élèvent pour l’instant à 730 000 mT pour la campagne 2018.
Ce développement des quantités, voulu par un certain nombre de transformateurs, s’est appuyé sur un accroissement des surfaces dédiées à la culture de tomate d’industrie (de 6 800 hectares en 2010 à 8 500 hectares en 2016) et sur une amélioration sensible des rendements de culture (de 40 tonnes métriques (mT/ha) environ en 2010 à 90 mT/ha en 2016) ; il faut également mentionner les progrès accomplis par l’Ukraine en matière d’infrastructures énergétiques, routières, etc., l’aide financière accordée par l’Union Européenne ainsi que l’afflux de capitaux étrangers (1,5 milliard de dollar US pour le seul premier semestre 2017), qui ont grandement facilité ce déploiement.
La quasi-totalité de la production agricole et de la transformation industrielle se trouve localisée dans les régions de Mykolaiv, Kherson, Kakhovka et Skadovsk, dans le sud du pays, sur les bords de la Mer Noire. Durant les dernières années, l’essentiel de la transformation et du développement de l’activité a été assuré par les entreprises Inagro (Agrofusion, environ 80% des quantités traitées), Chumak (environ 9%) et Sandora (4%). Selon les sources locales, d’autres entreprises interviennent sur le secteur, dans la région de Kherson et, dans une moindre mesure, dans la région d’Odessa. Entre 2015 et 2017, les quantités contractées par l’ensemble de la filière ukrainienne ont progressé de 18% (de 609 000 mT à 718 000 mT). Sur cette période, les volumes contractés par Inagro ont été pratiquement les seuls à augmenter (de 471 000 mT à 596 000 mT, +27%).
Sur le plan extérieur, l'Ukraine est engagée dans un accord d’association avec l’Union Européenne, et a conclu des accords de libre-échange avec l'Association Européenne de Libre-Echange (AELE (Suisse, Norvège, Islande et Liechtenstein)), avec la CEI (ex-URSS) ainsi qu’avec le Monténégro, l'ancienne République yougoslave de Macédoine, la Géorgie, l'Azerbaïdjan, l'Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Turkménistan et le Canada.
Les revenus générés par les exportations de denrées agricoles se sont élevés à 15,4 milliards USD (un peu moins de 14 milliards d’Euros) en 2016, en hausse de 4,5% sur les résultats de 2015. Les exportations agricoles ont représenté 42,5% des revenus totaux issus des exportations ukrainiennes en 2016. Blé (18 millions mT), maïs (17 millions mT), tournesol et orge (4,8 millions mT chacun) sont les principaux produits agricoles exportés, aux côtés du soja, du sucre, des haricots, de la viande, etc. Les pays d’Asie drainent la majeure partie (46%) des ventes extérieures ukrainiennes, devant l’UE (27%), l’Afrique (16%) et les pays de la CEI (Russie, Kazakhstan, Arménie, etc.).
Les exportations de dérivés de tomate ne représentent qu’une faible fraction des revenus totaux : le développement des ventes extérieures, momentanément pénalisé par l’embargo russe, ne s’est que progressivement accompagné d’un recul des importations en provenance d’Europe (Italie, Espagne, Portugal), de Chine et de Turquie ; en 2016/2017, les revenus nets du secteur ont avoisiné 37 millions USD, en hausse de 17% sur les revenus de 2015/2016 (31.5 millions USD) et de 140% sur ceux de la période 2013/2014-2015/2016.
Très dépendantes du marché russe qui drainait entre 60% et 90% des dérivés de tomate exportés par l’Ukraine jusqu’en 2013/2014, les ventes extérieures sont désormais largement diversifiées sur le plan géographique, même si la sphère commerciale ukrainienne reste limitée à une zone proche (Pologne, Allemagne, Biélorussie, Moldavie, République Tchèque, etc.). L’Ukraine est ainsi devenue le premier fournisseur de concentrés de tomate de la Pologne : les concentrés ukrainiens représentent environ un tiers des 70 000 tonnes importées annuellement par la Pologne.
En 2016/2017, les importations ukrainiennes de concentrés n’ont pas dépassé 600 tonnes, soit environ
les mêmes volumes que ceux exportés par le pays quelques années après la dislocation de l’URSS.
Sources: Inagro, IHS, Tomato News
Quelques données complémentaires
La région de production de la tomate d’industrie en Ukraine