En 2023/2024, l’importance des pays leaders dans les échanges mondiaux s’est encore un peu plus érodée, en raison du développement de la concurrence notamment avec des pays émergents et de l’autonomie grandissante de certains pays clients.
Comme le montrent les statistiques mensuelles d’échanges de notre site Tomato News, les quantités de dérivés de tomate mobilisées dans les approvisionnements mondiaux croissent plus ou moins régulièrement année après année ; les volumes exportés ont atteint en 2023/2024 plus de 3,9 millions de tonnes (métriques, t) pour le secteur des concentrés (codes HS 200290), 1,9 million de tonnes pour celui des conserves (codes HS 200210) et 1,6 million de tonnes pour les sauces et ketchup (codes 210320).
Ces quantités ont approximativement doublé en vingt ans et le nombre de pays significativement impliqués dans ces échanges a lui aussi augmenté ; pour autant, une comparaison rapide des activités dans les différentes catégories de produits révèle une perte progressive d’influence des pays leaders de la première transformation.
Le TOP12 des pays exportateurs de concentrés
En ne considérant ici que les performances des pays à la fois opérateurs de première transformation et exportateurs (à l’exclusion donc des pays ne disposant pas d’une filière de production agricole et de transformation industrielle de tomate), il s’avère que la liste des pays inscrits dans le TOP12 annuels des pays exportateurs de concentrés a beaucoup évolué au cours des vingt dernières années, au gré de l’émergence, du développement ou du déclin de certains pays, en fonction des aléas climatiques de production, des contextes économiques et politiques, etc.
Ainsi, sur les douze pays qui se sont alignés aux premiers rangs des exportations mondiales de concentrés en 2023/2024, seuls neuf (Chine, Italie, États-Unis, Iran, Espagne, Portugal, Turquie, Chili et Grèce) ont figuré sans discontinuer dans ce groupe au cours des vingt-quatre dernières années ; les autres positions, occupées l’an dernier et en plusieurs occasions par l’Egypte, le Pérou et la Pologne, l’ont également et irrégulièrement été dans le passé par l’Ukraine, la France, la Hongrie, le Mexique, le Brésil et l’Australie.
Depuis le début des années 2000, la fraction des exportations mondiales totales de concentrés de tomate assurée par les pays du TOP12 a lentement reculé, passant de 96% en 2000/2001 et même 97% en 2006/2007 à un peu moins de 93% du total en 2023/2024.
Dans le contexte récent de développement de la demande, le tassement n’est que relatif et n’affecte pas les volumes exportés ; mais l’activité des « autres pays », au nombre d’une trentaine en 2000/2001et estimée aux environs de 45 000 t à cette date, a clairement progressé au cours des deux dernières décennies, pour mobiliser environ quatre-vingt pays et approximativement 200 000 t sur le dernier exercice.
Le TOP10 des pays exportateurs de conserves
En ne tenant compte pour le secteur des conserves aussi que des pays à la fois opérateurs de première transformation et exportateurs, dix-sept filières ont, à un moment ou à un autre au cours des vingt-quatre dernières années, occupé une place dans le TOP10 des exportations annuelles de conserves de tomate. Parmi celles-ci, cinq seulement (Italie, Espagne, États-Unis, Grèce et Turquie) ont figuré sans discontinuer dans ce groupe des leaders, et quatre (Portugal, Mexique, France et Chine) n’en ont été absentes qu’en de rares occasions ; quatre encore (Pologne, Canada, Maroc et Argentine) y sont apparues de manière épisodique et quatre enfin (Bulgarie, Australie, Thaïlande et Chili) n’y ont figuré que ponctuellement, au début des années 2000.
Sur la période considérée, la prééminence des cinq ou six filières leaders du secteur et en particulier de la filière italienne des conserves de tomate, détentrice à elle seule d’environ 75 à 80 % du marché annuel global, laisse peu de place à l’activité des autres pays. Cette emprise constitue un facteur atténuateur des variations des « poids relatifs » des différents acteurs du secteur, les « pays hors TOP10 » restant cantonnés dans un rôle assez marginal ; de fait, l’analyse des performances annuelles ne permet pas d’identifier de tendance claire et durable, l’évolution des équilibres entre le groupe leader et les « autres pays » étant visiblement plus conditionnée par l’évolution du marché global que par des dynamiques nationales ou supranationales.
Dans le contexte de croissance lente qui est celui du secteur des exportations de conserves ces dernières années, il importe cependant de noter que l’ascendant du TOP10 sur le marché mondial des conserves de tomate s’est renforcé à partir de 2005/2006 jusqu’à contrôler plus de 97% des échanges globaux - son point culminant des vingt-quatre dernières années – avant de décroître assez brutalement sur les deux derniers exercices jusqu’à ne plus représenter « que » 94% des échanges totaux en 2023/2024.
Le TOP14 des pays exportateurs de sauces tomate et ketchup
La nature très ouverte et extrêmement concurrentielle du marché global des sauces et ketchup, où interviennent aussi bien des pays premiers transformateurs de tomate d’industrie que des pays importateurs de concentrés et producteurs secondaires de sauce, voire des pays agissant comme simple « plateformes d’échanges », explique la multiplicité des acteurs opérant sur le secteur. Pas moins de vingt-huit pays ont figuré, à un moment ou à un autre, dans le TOP14 des pays exportateurs de sauces tomate durant les vingt-quatre dernières années, dont seulement sept (les Etats-Unis, les Pays-Bas, l’Italie, l’Espagne, la Belgique, l’Allemagne et le Portugal) de façon ininterrompue entre 2000/2001 et 2023/2024.
Dans un contexte de progression régulière (CAGR 4,3% sur 24 ans) et pratiquement linéaire des volumes mobilisés pour les exportations mondiales, cette dispersion des sources d’approvisionnement et l’irrégularité de l’incidence annuelle du TOP14 qui en découle ne permettent pas d’identifier une dynamique claire dans la concurrence complexe qui régit le marché des sauces et ketchup. Tout au plus peut-on souligner le recul notable de l’influence du TOP14 entre 2003/2004 et 2012/13, corrigé ensuite de façon très irrégulière au cours des dix derniers exercices.
Quelques données complémentaires
Les trente-six pays intervenant sur le marché mondial des dérivés de tomate : nombre d’années de présence dans chaque groupe leader (TOP12 pour les concentrés de tomate, TOP10 pour les conserves de tomate et TOP14 pour les sauces tomate et ketchup) au cours des vingt-quatre derniers exercices.
Source: TDM