Bien qu’elle ait transformé en moyenne annuelle plus de 460 000 tonnes au cours des dix dernières années et que les dernières campagnes aient vu les quantités traitées augmenter presque régulièrement jusqu’à atteindre 520 000 tonnes en moyenne entre 2022 et 2024, la filière canadienne de la tomate d’industrie ne couvre qu’environ la moitié de sa demande domestique (voir les informations complémentaires en fin d’article).
Pour compléter ses productions, le Canada importe des concentrés, des conserves et surtout des sauces, pour un montant qui a beaucoup varié ces dernières années au gré des relances de l’activité nationale mais aussi des variations importantes des cours mondiaux des dérivés transformés de tomate. Le déficit commercial du Canada pour ce secteur a ainsi diminué de 308 millions USD en 2015 à 237 millions USD en 2019 avant de se creuser à nouveau jusqu’au niveau record de 354 millions USD en 2024. L’essentiel de la dépense (51% du total sur les cinq dernières années, 54% en 2024) a été consacré aux approvisionnements du marché canadien en sauces et ketchup, le reste étant dédié majoritairement (25% et 24%) aux achats de concentrés de tomate ; sur les mêmes périodes de référence, les importations (nettes) de conserves ont représenté 24% et 21% du déficit commercial canadien.

Les achats canadiens de dérivés industriels de tomate sont logiquement très focalisés sur le grand voisin US. Sur les cinq dernières années, la filière de transformation US a assuré près de 69% des approvisionnements canadiens en concentrés et en conserves de tomate et 88% des approvisionnements en sauces et ketchup. En 2024, le déficit commercial canadien sur le secteur des concentrés de tomate s’est élevé à 33 400 tonnes de produits finis, similaire à celui de 2023 (34 200 t), mais en nette réduction par rapport aux déficits moyens des trois années précédentes (41 500 t) ; ce changement s’est opéré au profit des produits d’origine européenne, notamment italiens, qui avec 13 700 t ont amélioré leur performance de 17% par rapport aux 11 700 t livrées annuellement sur la période 2022-2024. Ces deux pôles d’approvisionnement laissent peu de place aux origines concurrentes (Egypte, Turquie) vis à vis desquelles le déficit canadien a respectivement atteint 3 200 t et 1 000 t en 2024.

Le déficit de la balance canadienne « conserves » est plus important que celui des concentrés : en 2024, il a représenté près de 62 000 tonnes de produits finis, en légère réduction par rapport au déficit moyen (environ 69 000 t) des trois années précédentes. Comme pour les concentrés, les approvisionnements sont assurés par les principales filières de transformation mondiale : sur les cinq dernières années, les produits US ont représenté près 68% des quantités (nettes) importées au Canada, soit environ 46 000 t sur 68 000 t par an en moyenne ; les produits européens (presqu’exclusivement italiens) ont contribué à hauteur de 32% environ au déficit de la balance canadienne du secteur des conserves, avec des quantités annuelles moyennes de l’ordre de 21 000 t.

C’est sur le secteur des sauces que la balance canadienne affiche le déficit le plus important : en 2024, il a atteint 94 400 t, en nette progression par rapport aux résultats de l’année 2023 (81 000 t) et des trois années précédentes (83 300 t) mais en recul spectaculaire comparé aux quantités impressionnantes enregistrées entre 2015 et 2018 (entre 150 000 et 220 000 t).
Comme pour les concentrés et les conserves, les approvisionnements canadiens sont majoritairement tournés vers les produits US : sur la période 2020-2024, 88% des sauces et ketchup entrés sur le territoire canadien provenaient des États-Unis, une proportion en légère baisse en 2024. En effet, à la différence des autres secteurs, l’émergence des sauces et ketchup d’origine italienne, seule origine non étasunienne significativement présente sur le marché canadien, ne date que du début des années 2020. Pour autant, après cinq années de progression, la pénétration des produits italiens reste mesurée : l’an dernier, le déficit canadien du secteur des sauces procédait de 80 000 t de produits US et « seulement » d’un peu moins de 12 000 t de sauces d’’origine italienne. En marge des principaux pôles d’approvisionnement, les produits mexicains ou philippins n’ont représenté que quelques milliers de tonnes et moins de 3% des quantités mobilisées.

En 2024, les États-Unis ont drainé 67% (238 millions USD) des revenus issus des approvisionnements du marché canadien en dérivés de tomate ; 27% (97 millions USD) sont allés aux acteurs de la filière italienne, le reste étant partagé entre le Mexique (1,4%), l’Egypte (1,3%), la Turquie (0,8%) et les Philippines (0,7%).
Quelques données complémentaires
Evolution des quantités transformées par la filière canadienne au cours des trente-cinq dernières années. La moyenne se situe aux alentours de 480 000 t.
Source: TDM, WPTC