La balance commerciale brésilienne des dérivés de tomate affiche un déficit chronique depuis bientôt quinze ans, mais enregistre désormais une amélioration lente ; les objectifs de campagne 2023, s’ils sont atteints, pourraient rapprocher le pays de l’autosuffisance.
Malgré une croissance importante et particulièrement rapide des quantités transformées au cours des dernières campagnes, la filière brésilienne peine encore à stabiliser le niveau annuel du déficit commercial national et de la dépense nette sous la barre des 40 millions de dollar US ; les échanges brésiliens sont chroniquement déficitaires pour les secteurs des concentrés et des conserves de tomate, le déficit de la balance « concentré » montrant des signes de décroissance, celui des conserves tendant à se creuser ; parallèlement, les résultats annuels pour le secteur des sauces hésitent depuis plusieurs années entre un léger excédent en quantités et un léger déficit en valeur (voir les informations complémentaires en fin d’article).
C’est avec le Chili, et dans une moindre mesure avec le Pérou, que la balance commerciale brésilienne des concentrés affiche le déséquilibre le plus important ; bien que les flux varient fortement d’une année à l’autre, les quantités annuelles nettes moyennes importées par le Brésil sur les cinq dernières années se sont élevées à un peu plus de 3 000 tonnes métriques (mT) de produits en provenance du Pérou et plus de 11 00 mT en provenance du Chili. A ces quantités se sont ajoutées, sur la même période, environ 8 300 mT annuelles de concentrés italiens, 3 000 mT de produits US et quelques centaines de tonnes de produits chinois, portugais, espagnols et égyptiens.
Au total, le déficit de la balance des concentrés a atteint 22 000 mT l’an dernier, en net amélioration par rapport à l’année 2021 (- 28 600 mT) et par rapport à la moyenne des trois années précédentes (- 25 300 mT). La dépense correspondante s’est élevée à 23,2 millions USD, en nette dégradation par rapport à la moyenne des trois années précédentes (21,5 millions USD).
En 2022, la balance brésilienne des conserves de tomate a affiché un déficit de l’ordre de 17 000 tonnes, plus marqué que sur 2021 et sur les trois années précédentes (- 15 700 mT environ). La dépense nette, supérieure à 15,3 millions USD, s’est nettement alourdie (+ 24%) par rapport à la moyenne des trois années précédentes (12,3 millions USD). Les produits importés sont en très grande majorité italiens, mais aussi argentins et, dans une toute petite mesure, espagnols.
Le secteur des sauces est le seul à afficher, en termes de quantités, de façon irrégulière et relativement marginale, des bilans excédentaires de la balance commerciale : en s’appuyant sur des flux de produits modestes mais presque réguliers destinés aux marchés du Venezuela, du Paraguay, de l’Argentine et de l’Uruguay, la filière brésilienne des sauces à base de tomate est parvenue au cours des six dernières années à dégager un excédent de l’ordre de 1 400 mT en moyenne. Cependant, la valeur des sauces et ketchups importés sur la même période a été un peu plus importante que celle des produits exportés de sorte que la balance du secteur reste chroniquement négative (quelques dizaines de milliers de dollars US).
En définitive, malgré une légère amélioration par rapport à 2021 (41 millions USD), la dépense brésilienne nette pour les approvisionnements en dérivés de tomate en 2022 (39,3 millions USD) est restée plus importante qu’en moyenne sur les trois années précédentes (34,7 millions USD).
Cette détérioration financière, liée en partie au renchérissement des produits, ne remet cependant pas en cause la lente amélioration de la balance brésilienne des quantités que porte la progression des volumes transformés : une estimation approximative des quantités de matière première tomate mobilisées dans la balance commerciale montre une réduction progressive de ce déficit, que l’on peut chiffrer aux alentours de 150 000 mT l’an dernier alors qu’il atteignait plus de 220 000 mT en 2017.
Pour 2023, les transformateurs brésiliens envisagent de traiter, selon les données collectées par le WPTC, plus de 1,9 million de tonnes de tomate, contre 1,6 million mT en 2022. S’ils sont atteints, les objectifs brésiliens de transformation, en hausse de 7% en termes de surface et de 18% en termes de quantités, pourraient permettre au pays de se rapprocher de l’autosuffisance.
Quelques données complémentaires
Evolution des quantités transformées par la filière brésilienne au cours des trois dernières décennies.
Source: Trade Data Monitor, WPTC