Sur la base des données de transformation fournies par la filière algérienne elle-même, conjuguées aux données statistiques douanières des pays qui ont approvisionné le marché algérien en dérivés de tomate – notamment en concentrés – au cours des deux dernières décennies, il semble que l’Algérie a drastiquement réduit ses achats extérieurs ces dernières années, jusqu’à effacer de façon presque totale les importations de concentrés en 2019/2020 et 2020/2021.
Résultat d’une politique de développement national menée depuis plusieurs années, ce nouveau positionnement a été commenté par le sous-directeur du développement des filières végétales au ministère algérien de l'Agriculture et du Développement rural. M. Amokrane Hadj Saida a ainsi récemment expliqué que « la filière de la tomate industrielle avait enregistré des "performances records" au cours des dernières années, notamment lors de la dernière campagne qui s'est soldée par une production nationale de plus de 23 millions de quintaux » (2,3 millions de tonnes métriques). De leur côté, les chiffres de transformation du WPTC font état d’une production 2021 de l’ordre de 820 000 tonnes, qui laisse penser qu’une part importante des quantités cultivées est orientée vers le marché de frais.
Selon les sources locales, la saison 2021 aurait affiché « une croissance de plus de 17% par rapport à l'exercice précédent (19 millions de quintaux), ce qui a permis à l'Algérie d'assurer son autosuffisance en double concentré et triple concentré de tomate ».
Evolution des quantités transformées par la filière algérienne au cours des trente dernières années.
Le représentant du ministère a également évoqué « l'amélioration des rendements agricoles qui ont atteint un maximum de 1.300 quintaux/hectare à Ain Defla, avec un rendement national qui avoisine les 800 quintaux/ha en 2021, contre 500 quintaux/ha en 2013 ». Le responsable a relevé l'existence de cinq pôles principaux de production en Algérie, à savoir Skikda, El Tarf, Guelma, Annaba et Ain Defla, en plus de quelques pôles émergents, tels que Chlef et souligné que l’accroissement de la production était également le résultat de l'extension des superficies exploitées par la filière, qui sont passées de 16.000 ha en 2013 à plus de 26.000 ha en 2021, soit une augmentation de près de 38,5%.
Selon M. Hadj Saida ces résultats ont été atteint « malgré la sécheresse et les retombées de la pandémie du Covid-19 », et grâce aux mesures de soutien et d'accompagnement initiés par le ministère, en matière d'acquisition de matériel spécifique et de matériel d'irrigation, ou concernant le règlement accéléré des primes à la production.
Le responsable a également mis en avant la création d'un Conseil interprofessionnel de la filière industrielle de la tomate au niveau de chaque wilaya, composé des producteurs, des transformateurs et des principaux intervenants dans la filière, et considéré comme un « organe de concertation ».
M. Hadj Saida a commenté l’ « envolée » de la production de double et de triple concentré de tomate, « respectivement passées de 20.000 tonnes en 2018 à plus de 80.000 tonnes en 2021, et de 9.000 tonnes en 2013 à plus de 70.000 tonnes lors de la dernière campagne ». Il a également confirmé qu’après avoir réduit ses importations à partir de 2018, l'Algérie a carrément cessé d’acheter des concentrés d’origine étrangère depuis 2020, effaçant ainsi une dépense annuelle en devise qui a pu atteindre 67 millions de dollars certaines années (voir les informations complémentaires en fin d’article).
Les statistiques douanières officielles suggèrent effectivement un tarissement des importations algériennes de concentrés de tomate : selon les chiffres de Trade Data Monitor, les achats extérieurs ont pu s’élever, en 2014/2025, jusqu’aux environs de 60 000 mT de produits finis, importés principalement de Chine, avant d’enregistrer un ralentissement brutal. Les dernières importations significatives auraient représenté environ 19 000 mT, en 2018/2019.
Quelques données complémentaires
Evolution de la dépense algérienne estimée en importations de concentrés de tomate.
Sources: www.algerie-eco.com, www.aps.dz, Trade Data Monitor