La valorisation de la matière première progresse
L’année 2019 (janvier-décembre) restera probablement dans les mémoires italiennes pour l’excellence des résultats du commerce extérieur des dérivés de tomate : les exportations ont fortement progressé, toutes catégories de produits confondues, au point de mobiliser 6% de matière première « tomate » de plus que sur les trois années précédentes et de générer des revenus en hausse de près de 10% par rapport au chiffre d’affaires moyen de la même période.
Pratiquement égales à 707 000 tonnes métriques (mT) de produits finis par an sur la période 2016-2018, les exportations italiennes de concentrés se sont haussées jusqu’à plus de 753 000 mT en 2019, soit une progression de plus de 6,5% ; près de la moitié de ce gain de près de 46 400 mT provient d’une hausse des ventes aux pays membres de l’UE occidentale (+22 000 mT, notamment à l’Allemagne, à la France, à l’Autriche, à l’Irlande et aux Pays-Bas), et un cinquième de développements intervenus sur les ventes aux pays de l’UE orientale (9 500 mT environ, en particulier vers la Pologne, la Croatie et la Hongrie) ; dans une moindre mesure, les achats d’un certain nombre d’autres pays (Australie, USA, Canada, Suisse) ont également progressé, qui ont contribué à compenser les quelques baisses enregistrées à destination de la Libye, de l’Angola ou du Sénégal.
En 2019, la valeur totale des produits exportés sur le secteur des concentrés s’est élevée à près de 673 millions d’Euros, en hausse de 4,8% sur le chiffre d’affaires moyen des trois années précédentes (642 millions en moyenne annuelle sur la période 2016-2018). Les exportations de concentrés ont été le deuxième poste de profit du commerce extérieur italien de dérivés de tomate en 2019.
Le secteur des conserves, chasse pratiquement gardée des opérateurs italiens, a enregistré une hausse des ventes extérieures du même ordre : les quantités exportées en 2019 ont établi un nouveau record, à 1,432 million mT de produits finis, en progression de plus de 88 500 mT (+6,5%) sur la performance moyenne des trois années précédentes (1,343 million mT sur la période 2016-2018).
Les développements les plus significatifs ont été enregistrés au sein de l’UE, avec un gain de 66 000 mT par rapport à la période 2016-2018 principalement porté par les demandes plus importantes au Royaume-Uni, en France, en Allemagne, en Autriche, en Suède, en Pologne, en Roumanie, etc. Les achats nord-américains (USA et Canada) ont également augmenté l’an dernier (+14 000 mT), de même que les ventes à destination des marchés russes, israéliens, émiratis. La dynamique italienne a également enregistré quelques baisses (Norvège, Australie, Angola, Belgique, Luxembourg) restées pratiquement sans effet dans la mesure où le plus important de ces tassements n’a pas dépassé 2 500 mT de produits finis.
Le chiffre d’affaires des exportations italiennes de conserves s’est élevé à plus de 994 millions d’Euros en 2019, soit 88 millions d’Euros et près de 10% de plus qu’en moyenne sur les trois années précédentes (906 millions annuels). Il s’agit du premier poste de profit de la filière italienne à l’export.
C’est un véritable bond que les exportations italiennes de sauces ont enregistré l’an dernier, passant d’une moyenne d’un peu plus de 124 000 mT sur la période 2016-2018 à un résultat dépassant 155 800 mT en 2019 ; la hausse représente un gain de près de 32 000 mT (+25%), dont la majeure partie a été réalisée sur le marché communautaire européen (24 700 mT), en Amérique du Nord (2 600 mT) et en Océanie. Les hausses les plus marquantes sont intervenues en Allemagne, en France, en Pologne et en Suède, ainsi qu’aux Etats-Unis et, comme pour les conserves malgré la politique locale de préférence nationale, en Australie.
Les rares diminutions des flux d’exportation ont essentiellement concerné les Philippines, le Venezuela et la Moldavie, pour quelques centaines de tonnes à chaque fois.
La forte hausse observée sur les quantités s’est traduite par une progression également spectaculaire en valeur, puisque le chiffre d’affaires des exportations italiennes de sauces et ketchup en 2019 s’est brutalement élevé de plus de 27%, à près de 237 millions d’Euros.
Bien qu’actuellement le moins important des trois, le secteur des sauces est inversement le plus dynamique des centres de profit pour la filière italienne à l’export ; le rythme de croissance annuel moyen de la valeur du secteur a dépassé 6,5% sur les huit dernières années, c’est-à-dire depuis l’année de relance de l’activité italienne en quantités et en valeur. Par comparaison, les chiffres d’affaires des secteurs « poids lourds » des conserves (au vu des quantités exportées et de la prépondérance de l’Italie sur le marché mondial) et des concentrés (du fait des quantités de matière première mobilisées) n’ont respectivement progressé sur la même période « que » de 4% et de 1,4% en moyenne annuelle.
En définitive, la performance italienne en termes de chiffre d’affaires à l’export s’est située en 2019 aux alentours de 1,903 milliard d’Euros, en hausse de 170 millions d’Euros (près de 10%) par rapport au résultat moyen des trois dernières années (1,73 milliard d’Euros sur la période 2016/2018).
Il importe toutefois de noter que cette amélioration du chiffre d’affaires a indirectement nécessité la mise en œuvre de quantités plus importantes de matière première, avec un impact mécanique sur la rentabilité ; en 2019, les quantités de tomates fraîches impliquées dans la production de concentrés de tomate vendus sur les marchés extérieurs peuvent être estimées (compte tenu des différents segments (Brix) concernés par les ventes extérieures) à un peu plus de 3,18 millions de tonnes ; ce niveau est supérieur de 4,3% aux quantités annuelles moyennes absorbées par les exportations du secteur au cours des trois années précédentes.
De même, les quantités de matière première « tomate » mobilisées par les exportations de conserves et par celles de de sauces ont respectivement représenté un peu plus de 1,8 million de tonnes et près de 390 000 tonnes. Dans les deux cas, les hausses par rapport aux performances de la période 2016-2018 ont été significatives, de l’ordre de 6,5% pour les conserves et de 25% pour les sauces
Au bilan, ce sont environ 5,379 millions de tonnes (estim.) de tomate fraîche qui ont été absorbées par l’ensemble des exportations italiennes de dérivés de tomate entre le mois de janvier et le mois de décembre de l’année dernière, soit 323 000 tonnes (ou 6,4%) de plus qu’en moyenne annuelle sur la période 2016-2018.
Le rapprochement des chiffres d’affaires générés par les exportations et des quantités de matière première mobilisées met en évidence un différentiel de progression favorable à la valorisation de la tomate fraîche : en 2019, chaque tonne métrique de tomate d’industrie exportée sous forme transformée a été valorisée en moyenne aux alentours de 354 Euros ; en 2018, cette même valeur atteignait environ 350 Euros et sur la période 2016/2018, la valorisation se situait aux environs de 343 Euros/mT.
L’orientation de plus en plus marquée de la filière italienne vers les secteurs d’exportations (sauces et conserves) plus porteurs en termes de rentabilité est de plus en plus évidente et donne des résultats très concrets. Depuis 2008, la valeur totale des produits exportés a progressé de 1,34 à 1,903 milliard d’Euros, au rythme annuel moyen de 3,25% ; dans le même temps, la mobilisation des matières premières dans les produits transformés exportés n’a progressé qu’au rythme de 1,25% par an.
Le gain en termes de croissance annuelle de la valorisation sur les dix dernières années est proche de 2%. Cette dynamique explique au moins en partie l’intérêt des leaders italiens du secteur pour les marchés extérieurs, notamment européens proches, qui trouvent dans ces débouchés un moyen pour tenter d’équilibrer la perte de vitesse, en quantités et en valeur, des dérivés de tomate observée sur le marché italien.
Quelques données complémentaires
Exportations italiennes de concentrés, hors UE (par régions) et vers l’UE (par pays).
Exportations italiennes de conserves, hors UE (par régions) et vers l’UE (par pays). Le Royaume-Uni est le principal débouché pour les conserves italiennes de tomates.
Exportations italiennes de sauces, hors UE (par régions) et vers l’UE (par pays).
Source : Trade Data Monitor LLC
