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Espagne : la dynamique extérieure ne se dément pas

26/03/2021 - François-Xavier Branthôme - Read in English

Pour le secteur des purées concentrées, la croissance annuelle se maintient depuis dix ans au proche voisinage de 8%

A l’image des bons résultats obtenus par les filières turques, portugaises, ukrainiennes, grecques ou italiennes, le bilan de l’année 2020 pour les exportations espagnoles peut se résumer en un mot : hausse, et en trois chiffres : 72 000, 11 600, et 17 000. Le premier décrit la hausse en tonnes (métriques, mT) des ventes extérieures de purées concentrées par rapport aux trois années précédentes (+18%), le second celle des ventes extérieures de conserves (+9%), le troisième celle des ventes extérieures de sauces et ketchup (+22%).

Pour le secteur des purées concentrées, indicateur de santé et repère universel de comparaison de performances de notre filière, la plupart des pays cités ont affiché des ratios de progression plus impressionnants que celui de l’Espagne : ils ne doivent cependant pas faire oublier qu’en dépit d’un niveau d’activité déjà très élevé, l’Espagne, troisième opérateur global du secteur, a su maintenir et rehausser son niveau de performances jusqu’à présenter les augmentations en volume les plus élevées derrière celles de l’Italie en 2020, et nettement supérieures à celles de ses concurrentes du bassin méditerranéen.

Il est cependant difficile d’identifier clairement les ressorts de cette hausse, qui peut avoir prolongé la dynamique de développement enregistrée depuis 2012/2013 et/ou avoir procédé des hausses circonstancielles qui ont accompagné l’accélération de la demande au début de la pandémie CoVid au printemps 2020. Dans un cas comme dans l’autre, force est de constater que le rythme de progression des exportations espagnoles, sur le secteur des purées concentrés au sens large du terme (déclinées sous les codes douaniers 200290..) mais aussi en 2020 sur les autres catégories de dérivés, ne se dément pas : en définitive, les ventes extérieures de purées concentrées espagnoles ont très exactement doublé en moins de dix ans, passant d’un niveau d’activité qui oscillait entre 200 000 et 240 000 mT entre 2005 et 2012 à près de 430 000 mT en 2019 et plus de 460 000 mT l’an dernier.

Sur une période récente, près de 85% des exportations espagnoles de purées concentrées (toutes catégories, qualités et conditionnements confondus) ont été destinées au marché communautaire. C’est sur ces débouchés que s’est effectuée la majeure partie des développements enregistrés ces huit dernières années, qui ont porté les quantités mobilisées d’un peu plus de 190 000 mT avant 2012 à plus de 365 000 mT l’an dernier. Les résultats 2020 ont enregistré des accélérations plus particulièrement marquantes, tant en termes de quantités que de pourcentage, sur les marchés allemands, néerlandais, portugais et polonais, tandis que les tonnages livrés en Italie, au Royaume-Uni et sur certains marchés scandinaves ont marqué le pas.
Au cours des dernières années, d’autres régions ont également été les cibles commerciales des opérateurs espagnols, où les tonnages plus modestes mais néanmoins significatifs ont été multipliés par 6 (Extrême-Orient), 7 (Moyen-Orient) et plus de 8 (Afrique Méditerranéenne).

Les secteurs les plus mobilisés dans la croissance extérieure depuis 2012/2013 ont été ceux des produits sous codes douaniers 20029091, qui regroupent les purées concentrées à 28/30 Brix, 36/38 Brix et les poudres déshydratées de tomate à 96/98% Brix (CAGR proche de 13%) ; et, dans une moindre mesure, les passata et purées entre 10/12 Brix et 22/24 Brix (codes 20029031, CAGR 32%) et enfin les produits sous codes 2002909190 (CAGR 16%).

Les exportations de purées concentrées ont représenté près des trois quarts de la valeur générée par les ventes extérieures de dérivés de tomate sur les trois dernières années ; le chiffre d’affaires du secteur s’est élevé à 383 millions d’Euros en 2020, en hausse de 20% par rapport à la moyenne des trois années précédentes (2017-2019, 318 millions d’Euros).

Le résultat des exportations de conserves (codes douaniers 200210) pour 2020 s’est situé dans l’exact prolongement des niveaux d’activité des dix dernières années, confirmant ainsi l’installation durable de la filière espagnole sur un créneau commercial majoritairement occupé par les produits italiens mais aussi la difficulté à acquérir des parts du marché face au leader mondial du secteur.
Dans un marché apparemment demandeur, les 141 000 mT de conserves exportées l’an dernier par l’Espagne ont signé une progression d’un peu moins de 12 000 mT par rapport à la période 2017-2019, et d’un peu moins de 8 000 mT par rapport au résultat 2019, soit des hausses de 9% et 6% environ ; à titre de comparaison, les ventes extérieures italiennes sur le même secteur ont progressé l’an dernier de près de 50 000 mT par rapport à 2019 et plus de 100 000 mT par rapport à la période 2017-2019.
L’essentiel du développement observé en 2020 a procédé d’augmentations sensibles des approvisionnements de la clientèle historique des conserves espagnoles : les onze principaux pays acheteurs, qui absorbent 92% des exportations espagnoles du secteur, appartiennent tous à l’UE. Parmi ces pays aux premiers rangs desquels il faut mentionner la France, le Royaume-Uni (pré-Brexit), les Pays-Bas, l’Allemagne, la Belgique, la Pologne, etc., seul les achats portugais ont enregistré une baisse sensible l’an dernier, avec un retrait de plus de 2 000 mT (-12%) par rapport à la période 2017-2019.

Avec une valeur totale des produits exportés de 66 millions d’Euros en 2020, en hausse de 9 millions d’Euros (+15%) environ par rapport aux trois années précédentes, le secteur des conserves s’est montré le « moins » dynamique des trois secteurs d’exportation de la filière espagnole en 2020. Il représente environ 13% de la valeur totale générée par les ventes extérieures espagnoles de dérivés de tomate.

La décennie écoulée a correspondu avec une consolidation de l’activité extérieure espagnole sur le secteur des sauces (codes douaniers 210320) qui avaient enregistré un repli spectaculaire entre 2008 et 2010 ; depuis cette date, les exportations espagnoles de sauces ont connu un développement parfois irrégulier mais remarquable, avec une croissance annuelle moyenne (CAGR) proche de 8% qui a porté les quantités mobilisées de 45 000 mT en 2010 à près de 95 000 mT en 2020.
La majeure partie des quantités exportées est destinée au marché communautaire, qui a encore drainé 80% des volumes au cours des trois dernières années ; cependant, la représentation des régions tierces augmente rapidement, preuve d’une démarche réfléchie de diversification géographique de l’activité, avec un « poids » des destinations hors UE qui est passé de 5 500 mT (7% du total annuel) en 2013 à près de 23 000 mT (24%) l’an dernier.
De fait, les plus importants contributeurs à la progression enregistrée en 2020 par les produits espagnols par rapport à la période 2017-2019 ont finalement été les marchés de l’UE Occidentale (Pays-Bas, Italie, Belgique) mais des augmentations notables sont également intervenues sur les marchés marocain, australien et cubain.
Le secteur des sauces représente environ 16% de la valeur totale générée par les ventes extérieures espagnoles de dérivés de tomate. L’an dernier, la valeur des ventes extérieures de sauces s’est élevée à 89 millions d’Euros, en hausse de 20 millions d’Euros environ (+28%) par rapport aux trois années précédentes, ce qui en a fait le secteur le plus dynamique des trois secteurs d’exportation de la filière espagnole en 2020.

Quelques données complémentaires
Les composantes sectorielles de la valeur des exportations espagnoles de dérivés de tomate : selon les données collectées par Trade Data Monitor, la valeur totale des dérivés de tomate espagnols exportés en 2020 s’est élevée à près de 538 millions d’Euros.

Les composantes régionales de la valeur des exportations espagnoles de dérivés de tomate.

Source: Trade Data Monitor

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