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News

Dossier : Perspectives d'avenir pour la tomate transformée en Amérique du Nord

26/07/2018 - François-Xavier Branthôme - 2018 WPTC congress - Read in English
Conférence de Greg Pruett (Ingomar), World Processing Tomato Congress, 12 juin 2018

L’industrie de transformation de la tomate en Amérique du Nord compte quatre régions : le Mexique, les États US hors Californie, le Canada et la Californie. La Californie est la plus importante des quatre, avec près de 93% des quantités transformées au cours des trois dernières années ; elle est suivie par le Canada (3,5%), les autres États US (3,4%) et le Mexique (0,3%).
La Californie occupe également le premier rang du groupe en termes de rendements (entre 98 et 108 mT/ha (45 à 50 sT/acre)), devant le Canada (86 à 98 mT/ha), les autres États US (65 à 75 mT/ha) et le Mexique. 
 

Mexique : la tomate transformée ne peut rivaliser avec le frais
Le Mexique produit de grandes quantités de tomates (3,4 millions mT en 2017/2018), et commence à produire des tomates d’industrie. Plusieurs raisons expliquent cette situation : en premier lieu, le voisinage avec l’énorme marché US, sur lequel les producteurs de « frais » ont développé des stratégies fortes. La production de tomate pour le marché de frais est extrêmement coûteuse en main d’œuvre, et les producteurs mexicains bénéficient de l’avantage compétitif que leur confère la faiblesse des coûts de main d’œuvre par rapport aux USA : pour cette raison, de nombreux producteurs US ont investi au Mexique, qui constitue une importante base d’approvisionnement pour les USA. La production a récemment évolué vers des techniques plus protégées appelées « shade production » (serres/ombrage et serres tunnels), plus coûteuses mais aussi plus productives, donnant de meilleurs résultats en termes de qualité et moins risquées, qui garantissent mieux la fourniture. Il est probable que ce système qui donne de bons résultats continuera à fonctionner à l’avenir : le Mexique ne transforme que de petits volumes (aux alentours de 50 000 mT), dans un contexte où la production et l’expédition de « frais » sont plus rentables que l’activité de transformation. 

Indiana, Ohio : une position géographique privilégiée
La filière US « hors Californie » constitue une très petite région, pour une production annuelle de l’ordre de 400 000 à 500 000 mT, principalement localisée en Indiana, en Ohio et, pour une moindre part, en Pennsylvanie. Les rendements agricoles relativement variables et bas comparés à ceux enregistrés en Californie et les prix de la tomate comparativement plus élevés à ceux de la Californie et du reste du monde ont amené les transformateurs de ces États du Midwest à se spécialiser dans les tomates pelées et les sauces, un peu à la manière des industries de l’Italie du Sud, et à ne pratiquement pas produire de concentrés. Ces États bénéficient d’un certain nombre d’avantages propices à ces secteurs d’activité : les industries y sont fortement concentrées, très performantes et travaillent toute l’année, notamment à partir de concentrés de tomate achetés auprès d’autres transformateurs, le plus souvent californiens, pour produire des sauces. Elles produisent des tomates pelées en conserves, en petits boîtages destinées au marché de détail et au secteur des services alimentaires, et sont géographiquement proches des grandes concentrations de population US, ce qui leur confère un avantage stratégique certain en termes de coûts de fret par rapport à leurs concurrents californiens. 
Selon Greg Pruett, il est peu probable que des changements décisifs interviennent dans le contexte actuel : la continuation de la stratégie industrielle en place laisse à penser que les quantités transformées (environ 500 000 mT) sont peu susceptibles d’évoluer. Pour autant, l’éventualité d’une évolution de la filière US vers des types d’emballage plus souples et/ou plus légers n’est pas à exclure, qui pourrait réduire l’avantage stratégique dont ces industries bénéficient actuellement en termes de transport. Enfin, comme le Canada voisin, ces filières sont confrontées à long terme à des défis agricoles et environnementaux, au réchauffement climatique global, à la nécessité d’accroitre les rendements, d’allonger la saison de récolte…

Canada : un futur incertain
Les quantités transformées au Canada sont elles aussi de l’ordre de 400 000 mT (contre plus de 500 000 mT avant 2012, lorsque l’usine Heinz de Leamington fonctionnait). Les rendements agricoles canadiens en tomate d’industrie sont très élevés (pratiquement égaux en 2017 à ceux de la Californie) et très compétitifs à l’échelle globale. Les prix de la tonne de tomate fraîche, basés pour une bonne part sur les taux de change USD/CAD et sur le coût du fret ferroviaire, sont assez élevés, d’autant que l’activité est essentiellement orientée vers la production de concentrés. En conséquence, la concurrence avec la Californie est difficile, en particulier sur le secteur des concentrés, même en tenant compte de l’avantage commercial que confère la faiblesse relative du dollar canadien. 
De fait, l’avenir de la transformation canadienne est intimement lié au risque de renforcement du dollar canadien face au dollar US, comme l’a montré l’amélioration de la position canadienne avec un dollar canadien plus faible au cours des trois ou quatre dernières années. Des opportunités existent sur le secteur des produits à basse concentration et/ou pour des produits sous marque canadienne. Les changements possibles dans les accords de l’ALENA et dans la politique commerciale actuelle des États-Unis sont très préoccupants pour les exportations du Canada, dans la mesure où ils pourraient modifier les règles d’accès libre des concentrés et d’autres dérivés de tomate canadiens au marché US en altérant leur compétitivité. À long terme, l’éventuelle mise en place de barrières additionnelles pourrait profiter aux dérivés transformés dans le Midwest. 

Californie : de grands défis à relever
Selon Greg Pruett, « La Californie dispose de certains facteurs de réussite qu’elle doit aborder de front ». En premier lieu, elle doit gérer une situation née de l’accroissement des capacités de transformation qui devait accompagner le développement des exportations à partir de 2007/2008, dans une période marquée par une érosion de la demande extérieure en dérivés de tomate, par une augmentation de la production mondiale (Algérie, Ukraine, etc.), par un renchérissement de la monnaie US et une stagnation – voire un recul – de la consommation domestique. Portée par des investissements décidés alors que le dollar US était « plus faible » et par l’espoir que cette situation favorable aux exportations californiennes allait perdurer, la capacité actuelle dépasse 14 millions de tonnes métriques, pour une demande apparente de l’ordre de 12,5 millions mT. À court terme, la conjonction de ces dynamiques a entraîné un abaissement sensible et non-durable des marges des producteurs et des transformateurs ces dernières années.
La plus évidente des solutions à ce problème, évoquée par Mike Montna durant sa présentation d’ouverture de la 1ère session du Congrès, consisterait à réduire la production. Des opportunités existent, bien que cette réduction d’activité paraisse difficile du fait même des capacités en place, qui pourraient passer par de futurs épisodes de consolidation de la filière californienne et de nouvelles fermetures d’usines. Il pourrait aussi s’agir d’un raccourcissement de la durée de campagne, avec des producteurs se consacrant à d’autres cultures de remplacement, comme cela est déjà le cas dans une certaine mesure. L’an dernier, les surfaces plantées ont atteint leur niveau le plus bas des vingt-cinq dernières années. 
 

Une autre solution consisterait à accroître la demande, soit en œuvrant pour un développement des exportations que l’on sait fondamentalement dépendant de la politique économique et commerciale et, éventuellement, d’un futur tassement des exportations chinoises, soit en renforçant la demande domestique. Les experts s’accordent aujourd’hui à décrire la consommation US au mieux comme « molle », dans un marché mature où une relance semble peu probable en l’absence quasi-totale d’investissement et d’innovation en termes de produits ou de conditionnement, et qui attend une hypothétique percée portée par les allégations nutritionnelles ou de santé. 
La filière US se trouve aujourd’hui dans une position délicate, d’autant que les tendances diététiques actuelles aux États-Unis promeuvent les « produits frais » et le « pauvre en sucres » au détriment évident de la demande pour les dérivés de tomate, notamment du ketchup. Les données officielles montrent que la consommation de ketchup a décliné de 6,8% en volume aux Etats-Unis entre 2012 et 2017, un chiffre que Greg Pruett qualifie de « significativement préoccupant ». Il semble probable que cette dynamique se confirmera dans les années à venir, plaçant de fait les transformateurs US dans l’obligation de trouver des produits de remplacement susceptibles d’absorber la production de concentrés. 

Le problème le plus important dans la situation actuelle aux États-Unis est que les opérateurs ne parviennent pas à tirer les bénéfices des atouts nutritionnels et santé des dérivés de tomate : « Le concentré de tomate et les sauces sont des ingrédients sans risque et qui sont bons pour la santé, mais la plupart des négociants les considèrent comme des additifs de saveur neutre dont la valeur doit être tarifée à son niveau minimal. » Il s’agit pour les transformateurs US de « faire mieux, c’est-à-dire de convaincre [leurs] clients de considérer les dérivés de tomate comme ayant beaucoup plus de valeur ». Beaucoup de ces industries de deuxième transformation s’efforcent de réduire au maximum les quantités de concentrés qu’elles font entrer dans leurs préparations, si bien qu’il faut aujourd’hui poser la question : « Jusqu’à quel point pouvons-nous diminuer la quantité de tomate dans un produit et continuer à l’appeler “ketchup” ou “sauce tomate pour pâtes” [… juste au moment où] les consommateurs demandent plus de transparence et des aliments plus sains ? »
En second lieu, outre les difficultés engendrées par la surcapacité industrielle, la filière californienne doit améliorer les rendements agricoles qui sont, selon les termes de Greg Pruett, « bloqués aux alentours de 48 sT/acre (104 mT/ha) » et n’ont pas enregistré d’amélioration depuis neuf ans. Bien que ce niveau de productivité soit satisfaisant à l’échelle globale, il ne progresse que mollement, de sorte que les coûts californiens (main d’œuvre, irrigation, graines, intrants phyto, règlementation, etc.) de production (ramenés à la surface) augmentent année après année, accroissant ainsi fortement la pression qui s’exerce sur les prix de la tomate fraîche. Dans ces conditions, il devient difficile pour la transformation industrielle d’élever le prix payé aux producteurs, compte tenu également du niveau des prix mondiaux des dérivés de tomate.
Comme l’a montré Tomato News dans un récent article consacré à l’évolution des rendements mondiaux, il est clair que l’écart de rendement entre les différents pays producteurs s’est sensiblement rétréci au cours des vingt dernières années, avec une moyenne mondiale qui a progressé de 60% depuis 1997 pour s’élever sur la période 2015-2017 aux alentours de 83 mT/ha. Ainsi l’avantage compétitif dont bénéficiait la Californie en termes agricoles s’est considérablement amenuisé.

Les réponses apportées par la filière californienne à ces différentes questions consistent en un recours accru à la technologie : de nombreuses opportunités s’offrent en termes d’automatisation du repiquage, de traitements ou de désherbage robotisés, d’irrigation gérée par des capteurs, de dispositifs d’irrigation au goutte à goutte, etc. Il est également possible de cultiver des variétés plus performantes en termes de rendements, de résistance aux maladies, de teneur en matière sèche des fruits, et plus adaptées aux attentes sur le plan des arômes, des goûts et de la composition phytochimique.
La filière californienne n’exclut pas l’éventualité de choix géographiques de régions de production plus propices à la tomate d’industrie pour réduire le poids des zones à faibles rendements, ni le recours aux technologies de pointes (OGM, génie génétique CRISPR) pour mettre au point des nouvelles variétés.

Lorsque ces objectifs auront été atteints, les résultats obtenus permettront une amélioration sensible de la structure des coûts de production et un aménagement des prix de la matière première tout en maintenant la compétitivité des produits californiens sur le marché mondial. La Californie dispose des meilleures zones de culture de tomate d’industrie au monde et compte les producteurs et les transformateurs les plus importants et les plus avancés sur le plan technologique. En conclusion, Greg Pruett s’est voulu optimiste : « Avec un peu d’aide de la part de nos distributeurs pour le côté « demande consommateurs », et de la part des bureaucrates pour les aspects « législation commerciale », nous traverserons cette période difficile en maîtrisant de nouveaux outils en vue de notre réussite future. »

Quelques données complémentaires
Article Rendements Mondiaux

http://www.tomatonews.com/fr/rendements-agricoles-60-de-croissance-en-vingt-ans_2_392.html

De nombreuses photos prises durant le Congrès sont disponibles sur :
https://www.flickr.com/photos/142569727@N04/sets/72157668309202647/

Source : Conférence de Greg Pruett, Congrès mondial, Grèce, juin 2018


Pour plus de détails :
Greg Pruett Greece 06 2018
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Editor : TOMATO NEWS SAS -  MAISON DE L'AGRICULTURE - TSA 48449 - 84912 AVIGNON Cedex 9 - FRANCE
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