Des chiffres des exportations chinoises pour janvier et février 2020, c’est-à-dire pour le début de la période de développement de l’épidémie au coronavirus, ont été communiqués à la fin du mois de mars. La propagation rapide du coronavirus a profondément affecté toutes les entreprises et chaînes d'approvisionnement : sur la période janvier-février, les exportations de tous les produits ont chuté de 17,2% par rapport à la même période l'an dernier, et les produits à base de tomates suivent la tendance générale.
Plusieurs acteurs de la filière mondiale ont fait état de demandes émanant d’acheteurs qui souhaitaient remplacer, au moins momentanément, leurs sources d’approvisionnement en produits chinois, en attendant de savoir si ces produits, ou leurs emballages, ou leur acheminement, pouvaient constituer des supports de transmission de la maladie. En date du 26 mars, le site de l’OMS précise que « la durée de survie du virus responsable de la Covid-19 n’est pas connue avec certitude, mais qu’il semble se comporter comme les autres coronavirus. Les études (et les informations préliminaires sur la COVID-19) tendent à montrer que les coronavirus peuvent persister sur les surfaces quelques heures à plusieurs jours, en fonction de différents paramètres (type de surface, température ou humidité ambiante). »
La durée la plus souvent évoquée est de moins d’une semaine : il est donc peu probable que les approvisionnements « longue distance » en dérivés de tomate, quelle que soit leur origine, aient pu servir de vecteur à la propagation.
Quoi qu’il en soit, les premiers chiffres disponibles semblent indiquer un léger ralentissement de l’activité chinoise. Pour bien comprendre l’information publiée, il importe de noter l’avis qui l’accompagne sur le site de Trade Data Monitor : « Les données chinoises pour janvier et février 2020 sont divisées à parts égales en deux mois. La Chine a publié un ensemble de statistiques commerciales combinées pour janvier et février 2020, plutôt que de fournir des statistiques pour chaque mois. En l’absence d’autre indication, Trade Data Monitor a divisé en deux les chiffres de janvier-février, en attribuant la moitié du résultat au mois de janvier et l’autre moitié au mois de février. Nous prévoyons de recevoir les données pour mars en tant que mois complet, vers la fin avril. »
Pour les deux premiers mois de 2020, le total des exportations chinoises de concentrés s’est élevé à 95 956 tonnes métriques. Le graphique suivant compare les performances des mois de janvier et février des dix dernières années.
Il est difficile d'établir le rôle relatif des difficultés d'expédition et de la réticence des acheteurs à acheter des produits chinois dans la réduction des ventes…. Le lissage arbitraire des quantités, conjugué à la précocité de cette première « mesure », ne permet pas de tirer des conclusions objectives sur le lien entre la Covid-19 et le niveau apparemment bas des exportations chinoises sur la période janvier-février 2020.
Pour l’instant, il est tout au plus possible d’observer un décrochage de 20 à 30% entre les résultats publiés (95 956 mT) et les performances moyennes des bimestres (janvier-février) des dernières années (134 400 mT en 2019, 122 500 mT en moyenne sur 2017-2018-2019, 141 300 mT sur la période 2011-2019). Il faut cependant rappeler que les performances chinoises ont déjà atteints, en février 2017 et février 2014, des niveaux plus faibles encore et tout juste proches de 40 000 mT. Seules les données mensuelles séparées des mois de mars, avril et suivants permettront éventuellement d’infirmer ou de confirmer l’impact d’une possible désaffection de la clientèle habituelle pour les concentrés d’origine chinoise.
Concernant le détail des débouchés, quelques changements de dynamiques apparaissent toutefois notables en termes de quantités, et significatifs en termes de variations, par rapport aux flux habituels. La comparaison des performances de janvier-février 2020 avec celles des bimestres correspondants des années précédentes fait apparaître des ralentissements nets des ventes chinoises vers le Nigeria, le Ghana, le Togo, le Bénin et la Côte d’ivoire, mais aussi vers la Russie, les Emirats, Oman, l’Afrique du Sud et enfin vers le Royaume-Uni, l’Allemagne, la République Tchèque, le Japon et l’Italie.
Les statistiques des prochains mois devront être examinées attentivement avant de conclure à un ralentissement des ventes chinoises et à un éventuel effet porteur sur les exportations d’autres pays.
Some complementary data
Exportations mensuelles de concentrés chinois au cours des dix dernières années.
